Envols - Trisha Brown / Jan Martens / Jiří Kylián

Le Ballet de l’Opéra de Lyon, sous la direction de Cédric Andrieux,  est connu par sa virtuosité et son exploration des écritures contemporaines les plus exigeantes. Il en fait la preuve avec ce programme dédié à trois chorégraphes de renom.

En ouverture, Set and Reset / Reset est une recréation de la pièce Set and Reset, créée en 1983 par le  Trisha Brown Ballet et  transmise à l’Opéra de Lyon en 2005.

Le rideau ouvre sur deux grands cônes en filins suspendus, animés dans la lumière.  Sans musique, une danseuse, allongée sur le côté, mime la  marche, portée par trois danseurs. L'effet est onirique, suivi par une jubilation de danseurs et danseuses jaillissant des coulisses. 

Les artistes déroulent une même phrase chorégraphique, à l’unisson, en décalé, en canon, puis inventent des variantes, se rapprochant et s'éloignant en de multiples constellations, dans un chaos fluide et joyeux.  

La musique répétitive avait aussi ses variations mais avec un tocsin persistant que j'ai fini par trouver irritant, même si combiné aux bras en balanciers et aux jambes en grands battements, il donnait aux cônes des allures de cloches au-dessus d'une cour de récréation.

Jan Martens  a écrit le solo Period Piece au sortir du confinement causé par le COVID-19. Pour évoquer les multiples bouleversements provoqués par la pandémie, il a construit sa chorégraphie sur les Trois danses du compositeur Henryk Górecki, une partition habitée de multiples références, du Sacre de Stravinski au minimalisme, en passant par les rythmes folkloriques polonais.

Le solo est interprété selon les représentations par une danseuse ou un danseur.  Ce soir, c'était un interprète masculin.

L'ouverture est tonique, avec des tours piqués et de grands battements ponctuées de cri de cosaque, puis le mouvement ralentit, avec un travail des bras et des mains aux allures de tai-chi.  Le fond noir se lève derrière le danseur scintillant dans une tunique de plaquette dorée, faisant apparaître un fond orange de crépuscule, sur lequel il se déplace tel un mime avant de terminer sur une gestuelle explosive.

Même si la performance de Kaine Ward était impeccable, j'ai eu parfois le sentiment que la chorégraphie, dans l'écriture des bras et mains, par exemple, conviendrait mieux à un corps féminin, mais il faudrait voir  l'autre version pour le vérifier.

Dans le Bella Figura de Jiří Kylián,  sur des airs de baroque italien et des compositions de Lukas Foss, les interprètes font une démonstration de leur technique experte, aussi expressifs dans les volutes, ondulations et arabesques que dans les duos où un danseur semble animer une grande marionnette avec des gestes saccadés.

Empreinte de classicisme, la danse est aussi poétique que sensuelle,  remarquablement soulignée par le jeu des rideaux de scène noirs. Lorsqu'ils se ferment partiellement, à la verticale ou à l'horizontale, ils forment des cadres resserrés sur les interprètes.

J'ai particulièrement aimé les grandes jupes d'un rouge intense qui donnaient aux artistes des  allures de coquelicots dansants.

La pièce s'est terminée par un magnifique pas de deux souligné par des flammes du fond de scène, et j'aurais aimé que cette oeuvre fût bien plus longue !

Set and Reset / Reset (23 mn) - 2005
Chorégraphie Trisha Brown Musique  Laurie Anderson
Scénographie  Michael Meyers  Costumes  Adeline André Lumières  Patrice Besombes
Maîtresse de ballet Amandine François Répétiteurs Shelley Senter, Oluwadamilare Ayorinde Ballet de l'Opéra de Lyon Livia Gil, Paul Grégoire, Jackson Haywood, Mikio Kato, Amanda Lana, Eline Larrory, Albert Nikolli, Anna Romanova, Marta Rueda, Emily Slawski, Giacomo Todeschi, Kaine Ward
    
Period Piece (16 mn) - 2020
Chorégraphie et costumes Jan Martens Collaboration Interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon Musique Henryk Górecki Lumières Rudy Parra Maître de Ballet Marco Merenda Danseur du Ballet de l'Opéra de Lyon Kaine Ward (le 7 novembre)

Bella Figura (35 mn)
Chorégraphie et scénographie Jiří Kylián Musique Lukas Foss, Giovanni Battista Pergolesi, Alessandro Marcello, Antonio Vivaldi, Giuseppe Torelli Costumes Joke Visser Lumières Jiří Kylián (concept) et Kees Tjebbes( adaptation) Maître de Ballet Raul Serrano Nuñez Ballet de l'Opéra de Lyon Eleonora Campello, Katrien de Bakker, Amanda Peet, Roylan Ramos, Gianmarco Romano, Anna Romanova, Marta Rueda, Alejandro Vargas (le 7 novembre)