Le Nouveau cimetière juif fut fondé en 1890 pour résoudre le problème d'espace de celui dans la vieille ville de Prague qui, après plus de trois siècles d'existence, ne pouvait plus suffire.
En effet, la piété et le respect dus aux ancêtres décédés n'autorisent pas les Juifs à supprimer une tombe existante.
Une balade dans ce cimetière représente ainsi l'évolution des styles architecturaux : néo-gothique, néo-Renaissance, Art nouveau, classicisme, contemporain...
Ce qui frappe d'emblée, c'est le sentiment de voir une forêt de pierres au sein d'une forêt verte. La végétation semble prendre le dessus, comme pour envelopper les tombes.
C'est un havre de paix où chantent les oiseaux, loin de la cohue touristique.
En revanche, j'ai eu la gorge nouée en pensant aux victimes des pogroms, de la Shoah et de l'intolérance en général. Bien que je sois athée, j'ai pris la mesure de l'influence qu'ont eu les Juifs en Europe, dans les arts, les sciences, la banque...
C'est une coutume juive de placer une pierre sur un monument pour indiquer que la tombe a été visitée et que le défunt a été respecté.
Plus on trouve de pierres sur une tombe, plus le défunt a eu de visites et plus d’autres personnes s’en souviennent. Les pierres, inaltérables, sont un symbole du lien éternel avec le défunt de la part des visiteurs.
Une hypothèse est qu'à l'origine les Juifs les déposaient sur la tombe pour des raisons pratiques : pendant leurs quarante années d'errance dans le désert, devant enterrer les morts dans le sable, ils posaient dessus des pierres pour que leurs restes ne soient pas déterrés par les animaux.
La tombe de l'écrivain Franz Kafka comporte des pierres, dont certaines colorées, et aussi des messages.
C'est une tendance apparue dans les dernières années : des personnes choisissent de peindre les pierres qu'elles apportent au cimetière. Elles comportent des pensées ou des images qui ont un sens à la fois pour la personne et pour le défunt.
Les sépultures vont de la simple plaque au véritable mausolée et sur certaines, on trouve une lampe.
Par endroit, les ronces ont fermé le passage.
C'est en voyant des bénévoles s'activer dans un secteur proche que je comprends qu'en réalité la verdure est contenue pour l'empêcher de tout engloutir.
J'ai trouvé curieux, et même cocasse, cet énorme caillou posé au sommet de la plaque, façon "une bonne fois pour toutes".
En sortant, je retourne directement au métro. Initialement, je pensais repartir à pied pour visiter un quartier périphérique mais ça ne fait pas du tout envie !