Le musée fut fondé en 1831 par le préfet d'Empire Dupont-Delporte, qui souhaitait créer un cabinet des antiques pour sauvegarder des fragments de monuments et d'objets d'art et d'archéologie, révélés notamment par les fouilles du théâtre antique de Lillebonne.
Installées dans l'ancien couvent de la Visitation Sainte-Marie du 18e siècle, présentées dans salles autour d'un cloître, les collections comportent des pièces de l'Antiquité à la Renaissance, représentant à la fois les productions régionales et des cultures plus lointaines.
C'est plaisant de pouvoir admirer les beaux vitraux du 13e au 16e siècles : on peut les regarder de près car ils ne sont pas placés aussi haut que dans les cathédrales.
J'apprends qu'un aquamanile est un récipient destiné au lavage des mains, soit lors des actions liturgiques, soit dans la vie courante.
Il pouvait être en céramique, en alliage cuivreux (bronze à la cire perdue) ou en métaux précieux.
Je découvre aussi qu'une monstrance est une pièce d’orfèvrerie religieuse dans laquelle des reliques ou une hostie sont conservées dans une lunule en verre et exposées.
C'est l'ancêtre de l'ostensoir.
Je tiens à souligner ici mon grand mérite à documenter cet endroit car une école primaire a eu la navrante idée de lâcher une meute hurlante pour accomplir une chasse au trésor, le but étant apparemment de repérer des personnages parmi les oeuvres.
Cavalcades, bousculades, piaillements suraigus, passages dans le champ de l'appareil photo, il y en avait partout, au point que je devais veiller à ne pas trébucher sur les enfants vautrés par terre pour écrire et dessiner.
Si j'étais croyante, je dirais que c'est un miracle que j'aie survécu. A défaut, je dirai que les bouchons d'oreille et des nerfs solides m'ont bien aidée.
Je n'avais encore jamais vu de plaque d'insculpation.
Quand ils étaient reçus orfèvres, les apprentis faisaient apposer leur poinçon sur cette plaque pour prouver leur statut officiel.
Deux très beaux retables du 16e siècles sont visible dans une salle séparée.
Malheureusement, ils sont placés en hauteur et dans la pénombre, alors je n'ai pas pu en faire une bonne photographie.
Ces bas-reliefs constituaient la décoration centrale d'une maison rouennaise appartenant à un armateur enrichi dans le commerce du «bois de braise», un bois de teinture rouge originaire du Brésil.
Ils montrent la coupe et le transport du bois dans une nature peuplée de perroquets et de singes, avec des « Indiens ».
En construction, le pigeard est une console de bois fixée sur le haut des poteaux servant à soutenir la partie supérieure d'une maison.
Souvent sculpté, son décor permet de désigner la maison de la même façon qu'une enseigne.
Le cerf, adopté par les Valois comme support d'armoiries, semble avoir connu une vogue particulière à Rouen.
On appelle "maniérisme normand" l'influence de Fontainebleau qui se distingue en sculpture par les poses contournées des figures qui impriment aux corps deux ou trois directions différentes.
Les corps se balancent, les bras et les jambes ont tendance à se projeter en avant ou en arrière mais la caractéristique la plus frappante de ce style est l'élongation des formes, notamment dans les figures féminines aux bustes étirés, aux cous allongés, aux poitrines et aux têtes menues tandis que les figures masculines sont marquées par de vigoureuses musculatures.
J'arrive enfin à une porte qui donne accès au cloître mais hélas, il n'est pas encore rénové et sert de dépôt...
Le musée n'est pas organisé de manière chronologique puisque la visite se termine avec la partie consacrée aux époques plus anciennes.
Ce n'est pas une collection rare mais elle a le mérite d'exister au bénéfice des Rouennais.
Elle commence avec des objets caractéristiques de sépultures de l'époque gallo-romaine. La pratique la plus courante était d'enterrer les défunts avec des objets de la vie quotidienne.
Hochet d'enfant sur anneau de bronze avec défenses de sanglier, perles, clochette et monnaies romaines
Lors de fouilles du prolongement du tunnel St Herbland, effectuées à Rouen en 1990, des statuettes d'un laraire ont été trouvées à l'intérieur d'une couche de déblai due à un incendie du quartier vers l'an 250.
Découverte en 2007 à Eu, ancienne ville gallo-romaine de Briga, en Seine maritime, cette exceptionnelle statuette de Mercure en tôle d'argent témoigne de la place particulière qu'occupait le dieu parmi les divinités honorées de cette agglomération.
L'absence d'ailes sur le pétase, la fragmentation du caducée, la fracturation de l'avant-bras droit tendant la bourse et la mutilation du sexe confirment la désacralisation de l'objet avant son enfouissement.
Maquette de la maison gallo-romaine de la cour d'Albane découverte sous la place de la cathédrale en 1986
La vaisselle de repas se divisaient en trois genres :
- commune, en terre cuite, parfois vernissée, servant à cuire et à servir,
- fine, en céramique mince et délicatement ornée,
- de luxe : en verre.
Généralement, la présentation et la consommation sont confondues dans le monde antique. Les plats en terre dans lesquels sont cuits les aliments peuvent être apportés directement à table ou, pour plus de faste, transvasés dans des récipients plus élégants, vernissés.
Il n'existe pas de couvert individuel, exception faite des cuillers, des gobelets et des bols ainsi que de la serviette, indispensable pour qui mange avec ses doigts.
Le service de la boisson se fait généralement à part, et l'on boit surtout après le repas et entre les services.
La table romaine pouvait être agrémentée d'éléments divers comme un bassin et une aiguière pour se laver les mains, ou des lampes.
On passe ensuite à des objets d'Egypte, de Mésopotamie, de Grèce...
La résille de perles en fritte émaillée était une mode vestimentaire féminine en Egypte pendanat l'Ancien et le Moyen empire.
Elle était portée pour agrémenter une simple robe en lin blanc. La mode disparut par la suite.
Le moulage ci-dessous est celui d'un gobelet à libations provenant du temple de Ningihzida, "le seigneur du bon arbre", fils du dieu chthonien Ninazu.
En Mésopotamie, il était la divinité de la végétation dont il assurait la pérennité.
L’aryballe est un petit vase destiné à contenir de l’huile parfumée.
Son usage est domestique mais il peut aussi, plus rarement, être employé à des fins funéraires.
Une figurine appelée tanagra est une statuette de terre cuite apparue en Grèce aux 4e et IIIe siècles av. JC. D'un travail très fin, elle représente généralement une femme vêtue de tissu drapé.
Au figuré, le nom est ainsi attribué à une adolescente ou une jeune femme remarquable par sa grâce et sa finesse.
La statuette ci-après nous renseigne précisément sur la mode vestimentaire des femmes à l'époque. Ici, la jeune tanagréenne porte le chiton, pièce de vêtement unisexe en lin pliée dans sa largueur, très plissée et fixée par de petites fibules. Par-dessus ce chiton se trouve l'himation, lourd manteau de laine drapé sur l'ensemble du corps. Le bas de celui-ci était couvert d'une bordure bleue.
La tête était aussi couverte d'une coloration fine : ton de chair pour le visage, lèvres vermeilles, yeux en blanc et noir, et cheveux rouges.
La couleur des carnations permettait aux Grecs de distinguer les sexes. Sur les vases, les statuettes, les peintures et dans les poèmes, le teint de la femme est blanc ou clair et contraste avec celui de l'homme, foncé (rouge, brun ou noir).
Bijoux découverts dans l'Eure, du 3e s. L'anneau en or et rubis comporte l'inscripition "Fruere me" ("Jouis de moi")