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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Actéon - Marc-Antoine Charpentier - CNSMD Lyon

Publié le 23 Septembre 2022 par Baronne Samedi in Opéra, CNSMD, Lyon, Musique

La représentation partage le travail effectué pendant neuf jours par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse autour de la rhétorique et des arts de la scène baroques, l'objectif pédagogique étant de créer un spectacle cohérent pour plonger les jeunes artistes dans la dynamique d’une production d’opéra.

Crédit photo : Pauline Hervouet

Crédit photo : Pauline Hervouet

Actéon est une « pastorale », un genre dramatique très apprécié en France au 17e siècle, et son livret suit fidèlement le Livre III des Métamorphoses d’Ovide.

La composition fut destinée à la troupe de Marie de Lorraine, duchesse de Guise, au service de laquelle fut Marc-Antoine Charpentier jusqu’en 1687. D'aucuns pensent qu'il interpréta lui-même le rôle-titre.

Dans un univers champêtre où les nymphes se mêlent aux bergers et aux bergères, la pastorale développe des intrigues amoureuses empruntées à la mythologie antique.

Actéon se libère de la préciosité du genre avec son issue tragique et la richesse de sa composition.  C'est un opéra aussi varié que joli car une tonalité précise est dévolue à chacune des six scènes, offrant ainsi un large éventail d’atmosphères musicales.

En préambule, Charpentier a placé un texte résumant le drame à venir pour installer l'atmosphère. Il a initié ainsi un procédé qui s’imposera au milieu du 18e siècle. 

Diane et Actéon - Le Titien, entre 1556 et 1569

Diane et Actéon - Le Titien, entre 1556 et 1569

Le metteur en scène, Charles Di Meglio a fait dire le préambule  en français restitué, avec R roulés et consonnes finales prononcées, sonnant d'abord à l'oreille moderne comme un vieil accent marseillais, avec un effet cocasse gâchant un peu l'atmosphère dramatique... Cependant, on s'y fait très vite et, dans les parties chantées, l'articulation  marquée aide à la compréhension du texte.

Sans décor ni costumes d'époque, la partie visuelle est néanmoins très riche avec une chorégraphie des déplacements et une gestuelle très précise soulignant le texte, méthode dite gestique baroque. De là, avec les sobres tenues en noir et blanc, la lumière joue sur les visages et les bras dégagés, dans un intéressant travail de sculpture.

Crédit photo : Pauline Hervouet

Crédit photo : Pauline Hervouet

C'est un drame épouvantable

Une troupe de chasseurs, emmenée par le jeune prince Actéon s’arrête un moment pour dédier l’équipée à Diane, déesse de la Chasse. Non loin de là,  les nymphes se baignent en chantant les bienfaits d’une vie exempte des tourments de l’amour.

Actéon, resté seul pour se reposer dans un bois aperçoit  la déesse et ses compagnes et s'en approche mais Diane, offensée, l'éclabousse et le métamorphose en cerf.

Crédit photo : Pauline Hervouet

Crédit photo : Pauline Hervouet

Plus tard, les chasseurs appellent Actéon pour qu’il assiste à la mise à mort d’un cerf par ses chiens. Soudain apparaît la déesse Junon qui leur révèle que ce cerf est justement leur prince dont elle a précipité la fin pour se venger d'Europe, l’aïeule d’Actéon, dont s'était épris Jupiter. 

La lamentation du choeur termine la pièce, déplorant la mort imméritée du pauvre Actéon.

L'efficace sobriété du spectacle est un régal, d'autant que les "étudiants" sont des talents déjà confirmés qui ont rendu à merveille, dans la musique comme dans le chant, toute la grâce de la musique baroque.

La Mort d'Actéon - Le Titien, entre 1559 et 1575

La Mort d'Actéon - Le Titien, entre 1559 et 1575

Actéon (Opus H.481 & H.481a - 1684), opéra en un acte et six scènes - Durée : 1 h
Compositeur  Marc-Antoine Charpentier

Projet Brice Claviez-Homberg - Mise en scène Charles Di Meglio

Distribution :

  • Actéon, haute contre,  Brice Claviez-Homberg - Diane, soprano, Clémence Niclas - Junon, mezzo soprano, Ariane Le Fournis
  • Aréthuse, soprano, Charlotte Bozzi - Daphné, soprano, Laudine Bignonet - Hyale, mezzo soprano, Marie Brendle  
  • Chœur de Chasseurs  Guillaume Ribler, Louis Clerc-Renaud et Jérémy Bertin

Dessus de viole  Iris Tocabens et Lukas Schneider  
Flûtes à bec  Armance Merle et Rose Chevrier  
Basse de viole Manon Papasergio  Théorbe  Gabriel Rignol
Basson et flûte basse  Emma Crumpton  
Clavecin et cheffes de chant  Claire Meusnier et Clémentine Leduque  

Encadrement pédagogique : Anne Delafosse, Anne-Catherine Vinay et Robert Expert

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