Jusqu'au 18 septembre 2022, l’Hôtel de Caumont d'Aix-en-Provence met à l’honneur l’œuvre du peintre français Raoul Dufy (1877-1953).
À travers des œuvres majoritairement issues du Musée d’Art Moderne de Paris, mais aussi de collections publiques et privées, en France comme à l’étranger, on y découvre le talent de l’artiste dans les techniques les plus variées, de l’huile à l’aquarelle et le dessin, en passant par la gravure et la céramique.
Normand, originaire du Havre, Raoul Dufy est d’abord influencé par les impressionnistes Monet et Boudin, avant de suivre l’exemple de Matisse et de ses amis qu’il accompagne dans l’aventure fauve. Comme eux, il recourt à une palette de couleurs vives et à un dessin très libre
En 1908, lors d’une sorte de voyage initiatique dans le sud de la France en compagnie de Georges Braque, Dufy arpente les terres cezanniennes.
Alors que Braque adhère au cubisme un an plus tard, Dufy continuera d’explorer l’œuvre de Cezanne(*) jusqu’en 1914 en éprouvant sa leçon sous la lumière normande.
(*) Selon les descendants du peintre, il faut rétablir l’orthographe originelle de leur nom, telle qu’elle est établie par des recherches généalogique sur les origines italiennes de la famille. Le peintre lui-même a toujours écrit ou signé ses lettres et tableaux "Cezanne", sans accent.
La mer est au coeur de l'inspiration de Duffy : ses motifs de prédilection sont essentiellement les paysages côtiers, les bateaux, les marins, les baigneuses...
Pour Dufy, les couleurs n’appartiennent pas indéfectiblement à une chose. Elles ont leur vie propre, débordent les objets, et cela surtout dans l’expérience de la perception du mouvement d’où l’usage d'aplats de couleurs juxtaposées. La dissociation entre la couleur et le dessin est parfois très poussée, et Dufy installe souvent les objets réduits à un contour sur trois ou quatre larges plages colorées.
C'est ce style si caractéristique qui m'avait fait aimer le peintre quand, enfant, je collectionnais des reproductions de tableaux en cartes postales.
«Le peintre a besoin d’avoir sans cesse sous les yeux
une certaine qualité de lumière, un scintillement, une palpitation
aérienne qui baigne ce qu’il voit» (R. Dufy)
L’aquarelle et la gouache, qui prennent de plus en plus d’importance après 1930, lui offrent davantage de possibilités pour poursuivre cette expérience. Les aplats du fond sont étendues sur un papier préalablement mouillé et tendu sur une planche à dessin.
Quand elles sont sèches, il dessine au pinceau fin les divers objets du motif, comme pour les fleurs et fruits qui suivent. Cette technique demande une très grande assurance, acquise par l’incessante pratique du dessin.
C'est très intéressant de voir un second autoportrait, peint un demi-siècle après le premier. On y voit l'évolution du travail et de l'appréhension des couleurs.
L'exposition se termine par une vidéo en immersion de la fresque La Fée Electricité aujourd'hui conservée au Musée d'Art Moderne de Paris.
Comme Fernand Léger, Robert Delaunay et nombre d’autres artistes, Raoul Dufy avait reçu pour l’Exposition internationale de 1937 à Paris la commande de décorations monumentales, notamment celle du mur légèrement courbe du hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars.
Par un plaisant procédé d'animation, le commentaire en voix hors champ explique les figures et symboles qui font l'intérêt de l'oeuvre.
Ce lien vous permettra de lire sa description.
C'est passé trop vite ! J'aurais tellement aimé en voir plus, d'autant que 90 pièces ne sont qu'une goutte dans l'océan qu'est l'oeuvre de Dufy avec environ 3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins, des bois gravés, des lithographies, des céramiques, des tapisseries, des tissus…