La Mâchecroute revient ! Festival Entre Rhône et Saône à Lyon, du 1e au 3 juillet

Rabelais citait dans son ouvrage Le Quart Livre (1552) une créature de carnaval à Lyon :

'A Lion au carneval on l’appelle Maschecroutte : ilz la nommoient Manduce. C’estoit une effigie monstrueuse, ridicule, hydeuse, & terrible aux petitz enfans : ayant les œilz plus grands que le ventre, & la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecques amples, larges, & horrificques maschouères bien endentelées tant au dessus comme au dessoubs : les quelles avecques l’engin d’une petite chorde cachée dedans le baston doré l’on faisoit l’une contre l’aultre terrificquement clicquetter."

Les légendes autour du monstre apparaissent dès le Moyen Âge quand les Lyonnais veulent trouver une origine aux crues du Rhône qui ravagent toute la région :  Tarascon craint la Tarasque,  Arles s'effraie du Drac tandis que Lyon redoute le/la Machecroute/Mâchecroute/Mâchecroute, dont la graphie change selon les auteurs.

Son petit nom de "Manduce" vient du latin manducus qui désignait un masque comique dont la laideur et les instincts voraces excitaient  la gaieté des spectateurs d'un théâtre.

La Mâchecroute était supposée dormir sous le pont de la Guillotière. Tiraillée par la faim ou mise en colère par les bateaux, elle pouvait se réveiller pour tout détruire ne laissant derrière elle que des corps sans vie.

Une effigie était brandie chaque année à travers la ville lors du carnaval pour exorciser ses terribles méfaits. Avec le temps et l’industrialisation, des aménagements furent entrepris pour tenter de maîtriser le fleuve et la mâchecroute mais rien n’y fit, ils étaient trop forts.

Le 30 octobre 1840 à 2 heures du matin, la bête ressurgit des remous et fracassa de toute sa puissance la digue de la Tête d’Or. L’eau se déversa dans la cité et fit tomber toutes les constructions.

Mais la Mâchecroute n’était pas rassasiée : le 1e juin 1856, elle jaillit encore détruisant complètement la rive gauche et tuant de nombreux habitants de la  Guillotière.

Désormais apaisés, le fleuve et la rivière qui bercent Lyon sont une richesse qui sera célébrée pendant le nouveau festival Entre Rhône et Saône, les 1er, 2 et 3 juillet.

Yann Arthus-Bertrand sera le parrain de la première édition de cet événement participatif qui réunira près de 100 propositions artistiques, sportives ou naturalistes pour animer la ville durant 3 jours.

La plupart des animations seront concentrées sur les bords du Rhône, à hauteur du pont de la Guillotière, et de la Saône notamment à l’Île Barbe où des guinguettes inviteront à de joyeux rassemblements. 

Le samedi, une grande parade aux 9 couleurs défilera de la place des Terreaux au pont de la Guillotière. Elle sera composée de cortèges provenant des 9 arrondissements, avec la participation des centres sociaux, MJC et associations d'éducation populaire. Accompagné d'échassiers et de batucadas, le parcours se terminera par un spectacle au pied du pont de la Guillotière sous l'oeil de la Mâchecroute, désormais dans une version joviale.

Un autre temps fort sera le spectacle DéRives, par la compagnie Ilotopie qui transformera la Saône en scène de théâtre.

La Fête des Lumières, qui illumine l'hiver a désormais son pendant estival.