Nous ne sommes qu’un corps est une création singulière dans laquelle musique, danse et scénographie évoquent l'affirmation de l'individu dans un environnement parfois écrasant.
A l'ouverture, la bande sonore puissante immerge dans des bribes d'ambiance, tantôt d'orage, tantôt de foule tandis que les danseurs-acrobates évoluent chacun à sa manière, de façon presque animale, sur un sol de gravier.
Dans la pénombre, on distingue en suspension des feuilles de tôle froissée. Lorsque d'un bond un protagoniste vient en frapper une, elle sonne comme un tonnerre, et de son tournoiement surgissent des éclairs de lumière.
C'est d'ailleurs essentiellement l'éclairage qui définit l'espace, projetant en ombre chinoise les artistes ou la maquette d'immeubles, posée en avant-scène, comme un château de sable.
L'aliénation est présente dans la discordance des instruments et les mouvements spasmodiques des danseurs, pour un résultat à la fois irritant et fascinant, avec l'utilisation des percussions fines comme les xylophones, et des carillons de verre, de métal ou de bois.
Les seules paroles sont dites dans la bande son, soulignant l'étrangeté de l'atmosphère.
Une belle trouvaille scénographique est l'utilisation de tiges métalliques assemblées à vue pour former tour à tour des contours de porte, de couloir, d'ascenseurs, de bateau... bref d'espaces confinés, urbains, saturés dans lesquels tous les artistes s'entrecroisent sans jamais se toucher.
L'ensemble est déconcertant mais laisse une empreinte intéressante qui augure bien de l'avenir de Daisy Dugardin et Lucie Mao.
Note : Après deux ans de répétitions et d'échanges, les jeunes artistes-étudiants Artist Diploma du CNSMD de Lyon ont investi le Théâtre de la Renaissance pour une semaine de créations aux esthétiques multiples. Initialement prévue dans le cadre du festival "Les Fabricants" n° 7, cette représentation a eu lieu uniquement devant un public professionnel restreint dans des conditions sanitaires drastiques imposées par la pandémie de covid-19.
Daisy Dugardin : direction artistique et clarinettes
Lucie Mao : mise en scène et scénographie
Vincent Portes, Pierre Fournier : Nous ne sommes qu’un corps, créations mondiales pour clarinette, flûte, percussions et électronique
Fanny Martin : flûte
Alice Ricochon, Paul Gohier : percussions
Sara Andrieu, Raul Calin, Titouan Crozier : danse
Durée : 1 h environ