En 1979, Saint-Laurent avait déclaré :
"Les tissus sont à la base de tout, ce sont eux qui déterminent la pensée, la ligne. Si je me trompe dans leur emploi, mes modèles sont ratés et je dois les abandonner. Leur choix est pour moi l'un des temps les plus forts de la création, celui qui requiert la plus forte consentration et me donne aussi le maximum de joie."
Rien ne peut mieux illustrer les propos du couturier que l'exposition présentée au Musée des Tissus de Lyon, jusqu'au 8 mars 2020.
L'exposition met en lumière les liens privilégiés entretenus durant quarante ans par le couturier avec les soyeux lyonnais, fabricants et fournisseurs de tissus de la région : Abraham, Beaux-Valette, Bianchini-Ferier, Bouton-Renaud, Brochier, Bucol, Hurel, et Sfate & Combier.
L'innovation est toujours présente, comme le lamé or de la maison Brochier : c'est l'incorporation de Lurex, une matière plastique, qui a permis l'incomparable drapé fluide de la robe Cléôpâtre, car le fil métallique doré est plus raide et plus lourd.
A l'entrée, des vitrines racontent la carrière du couturier. Elle commence avec les poupées de papier qu'Yves Saint Laurent, alors à peine âgé de 16 ans, avaient réalisées pour sa maison de couture imaginaire.
Au dos des robes, il avait déjà noté les noms des maisons de soierie lyonnaises qu'il souhaitait sélectionner.
On découvre ensuite 25 robes de soirée peu connues du grand couturier, certaines jamais présentées, prêtées par le musée Yves Saint Laurent de Paris, partenaire de l'exposition.
Elles sont accompagnées des échantillons de tissus (taffetas, mousseline, crêpe, façonné, chiné, velours…) sélectionnés par le maître dans les ateliers lyonnais.
Les robes sont accompagnées de croquis originaux du couturier, et de leur "bible", une fiche récapitulant le nom, l'origine de l'étoffe, le temps de travail etc.
Si les modèles sur mannequins paraissent parfois presque ordinaires, d'autant qu'on visite dans la pénombre, les vidéos de défilés montrent toute la virtuosité des ateliers de coutures à réaliser les projets du maître.
Les robes prennent vie, elles ondulent, jouent avec les lumières et caressent les corps.
Des documents d'archives inédits qui permettent de comprendre les étapes de fabrication d'une pièce de haute couture et d'approcher au plus près la collaboration entre les faiseurs de tissus et la maison de couture.
Fabriquer des étoffes pour les soumettre, sans garantie d'obtenir une commande ; travailler avec acharnement à réaliser un motif complexe dessiné par le couturier... l'investissement en temps et en argent des ateliers était colossal.
L'exposition se termine sur la robe de mariée dite "Shakespeare", datant de l'hiver 1980, pour laquelle pas moins de cinq maisons de soierie lyonnaises avaient travaillé.
Il est vraiment heureux qu'après avoir frôlé la fermeture pour cause de difficultés financières, le Musée des Tissus de Lyon ait été racheté par la Région.
Des travaux de rénovation seront entrepris afin de présenter dignement une collection textile unique au monde : 2,5 millions d’œuvres couvrant plus de 4500 années d’histoire.
Billet d'entrée (pré-vente) YVES SAINT LAURENT, LES COULISSES DE LA HAUTE COUTURE À LYON Tarifs applicables du 9 novembre 2019 au 8 mars 2020. Billet non échangeable, non remboursable, non ...