La rétrospective consacrée au peintre Mark Rothko (1903-1970) réunit 115 œuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles, notamment de la National Gallery of Art de Washington, de la Tate de Londres et de la Phillips Collection de Washington, et de collections privées internationales dont celle de la famille de l’artiste.
J'avais vu plusieurs toiles abstraites aux cours de visites dans divers musées à l'étranger et je tenais à mieux connaître l'oeuvre d'un artiste qui disait : «Je ne m’intéresse qu’à l’expression des émotions humaines fondamentales.»
Le parcours de l'exposition est chronologique et j'ai pu découvrir les premières oeuvres, qui étaient figuratives. Pour être honnête, elles ne m'ont séduite : leur intérêt a été surtout de voir l'évolution de Rothko vers ses abstractions que j'aime énormément.
J'ai fait de mon mieux malgré l'éclairage restreint pour les prises de vues qui suivent. En ce qui concerne les oeuvres sans titre, j'indique uniquement la date.
En 1948, Rothko avait abandonné la figuration pour progressivement élaborer le style qui le singularisera à tout jamais : des rectangles de couleur semblant flotter sur le fond, souvent de format monumental, en superposant des couches de peinture pour obtenir un effet vibrant quand on prend le temps de les observer.
De ces tableaux, il disait : « Ce sont bien des façades. J’ouvre parfois une porte et une fenêtre ou deux portes et deux fenêtres. Je ne le fais qu’avec ruse. Il y a plus de force à dire peu qu’à dire plus. »
La technique se Rothko implique de fines couches de peinture, créant un effet de tache sur la toile. Cela permet aux couleurs d'être vues les unes à travers les autres, créant des zones complexes.
Les contours flous, les couleurs mêlées... A mesure que l'oeil se laisse porter, l'esprit vogue sur l'imagination. J'avais parfois l'impression d'une ligne d'horizon, parfois celle d'un portail menant à une nouvelle dimension colorée.
Peu à peu, en écho, surgissaient des souvenirs de Soulage ou de Staël.
Ce que la photographie ne rend pas, c'est l'impression de vibration et surtout de transparence des parties brunes qui laissent entrevoir, presqu'à un niveau subliminal, des bleus ou des rouges, comme ce qu'on discerne dans des braises finissantes.
"La couleur n'est pas ce qui m'intéresse.
C'est la lumère que je recherche. "
Mark Rothko
"La peinture vit par l'amitié, en se dilatant et en se ranimant dans les yeux de l'observateur sensible.
Elle meurt pareillement.
Par conséquent, c'est un acte dur et risqué que de l'envoyer de par le monde. "
Mark Rothko
Jusqu’au 2 avril 2024, à la fondation Louis-Vuitton, 8 avenue du Mahatma-Gandhi, bois de Boulogne, Paris 16e.