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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Cunningham + Gutierrez - CCN-Le Ballet de Lorraine

Publié le 9 Avril 2019 par Baronne Samedi

Créé en 1978, le Ballet Théâtre Français de Nancy, sous la direction artistique de J.-A. Cartier, avait pour rôle d’assurer à la région Lorraine une action de diffusion chorégraphique en France et à l’étranger. 

En 1999, labellisé Centre Chorégraphique National, le Ballet devient le CCN - Ballet de Lorraine, dirigé depuis 2011 par Petter Jacobsson, qui ambitionne d'explorer les nouvelles perspectives que l’art chorégraphique peut offrir. 

Avec son programme "1968-2018", le Ballet ne fête pas seulement son demi-siècle : il revient à l’art performance et au happening.

Dès l'entrée dans la Maison de la Danse, une manif' de gilets roses clame à pleins poumons et sur tous les tons "joie-joie-joyeux-anniversaire  !"

Tandis que le public s'installe, une musique techno tonitruante accompagne 3 interprètes tournoyants, à  la Loïe Fuller,
 

Photo © Laurent Philippe

Photo © Laurent Philippe

Le programme qui suit rend hommage à un pionnier, Merce Cunningham, puis annonce l'avenir avec Miguel Gutierrez.

Merce Cunningham (1919-2009) est considéré comme le chorégraphe qui a réalisé la transition conceptuelle entre danse moderne et danse contemporaine, en découplant la danse de la musique, et en intégrant une part de hasard dans ses chorégraphies.

C'est d'ailleurs une bande de sons électroniques composée par David Tudor, qui est jouée pour RainForest. Elle évoque les bruits d'animaux dans les frondées pour accompagner la chorégraphie inspirée à Cunningham par une forêt humide qu'il avait traversée.

Andy Warhol avait permis à Cunningham d'utiliser son installation Silver Clouds comme décor, des oreillers en mylar remplis d’hélium.

Les justaucorps et collants de couleur chair que portent les six danseurs et danseuses  avaient été conçus par Jasper Johns, qui avait eu l'idée de les gratter avec une lame de rasoir, pour leur donner une apparence rugueuse.

RainForest - Photo © Laurent Philippe

RainForest - Photo © Laurent Philippe

Le son, le décor et les costumes minimalistes sont néanmoins chargés d'atmosphère.

Les interprètes, jamais plus de trois à la fois, évoluent en mouvements déliés, et peu à peu se dessinent des figures évoquant une parade d'amour, un glissement reptilien, la démarche d'un échassier, les frémissements d'un insecte. Les oreillers flottent ou bruissent quand ils sont bousculés.

Ce sont vingt minutes oniriques qui ont bien traversé le temps.

La pièce suivante est de Miguel Gutierrez, un chorégraphe, compositeur, interprète, chanteur, écrivain, éducateur et avocat né en 1971. Il croit en "une approche artistique féroce, fragile, empathique, politique et irrévérencieuse".

"Cela nous concerne tous" © Laurent Philippe

"Cela nous concerne tous" © Laurent Philippe

L'ennui (le mot est de circonstance) c'est qu'une intention ne suffit pas et que sa chorégraphie (le mot est trop fort) m'a été tout simplement pénible.

D'entrée, une vingtaine d'interprètes disposés en U, sont plantés comme des poupées, attifés de vêtements improbables. Après une très longue attente sur une boucle frisant l'infra-son, une poupée s'avance timidement et semble émerger d'une rêverie. C'est long. C'est lent.

Une s'avance, un autre en fait autant. Très. Lentement.

Puis tous se mélangent, s'empêtrent et se dépêtrent de morceaux textiles comme dans une cour d'aliénés voulant s'extraire de leur camisole.  Peu à peu la répartition est en duos, et finit en ambiance de vestiaire sur fond (allez savoir !) d'une harangue de barricade.

Puis tout ça tressaute, gesticule et se tortille, comme à la récré avant de se précipiter dans la salle pour dévaler les escaliers, se vautrer sur les balustrade et s'empoigner en bramant "Adieu, adieu, adieu", pendant près de dix minutes, avec lâcher d'animaux flottants, musique assourdissante et jets de fumigènes (de circonstance, quand on a la nette sensation de s'être fait enfumer).

Faute de pouvoir sortir, j'ai subi jusqu'au bout cette mascarade dont pourtant une grande partie du public s'est délecté, avec sourires et applaudissements à l'appui.

CCN - BALLET DE LORRAINE - Direction Petter Jacobsson

Programme 1968 - 2018  Créé par Petter Jacobsson &Thomas Caley

 

Happening Birthday - 2017

Performance dans le hall,  de 20 à 30 amateurs et des danseurs du Ballet de Lorraine

Performance sur le plateau - 3 danseurs, 1 musicien

Chorégraphie Petter Jacobsson, Thomas Caley –

Musique  Quinze Nonante Sept

 

RainForest - 1968 - 6 danseurs, 2 musiciens 

Chorégraphie Merce Cunningham

Musique David Tudor, Rainforest

Décor Andy Warhol, Silver Clouds - Costumes Jasper Johns

 

Cela nous concerne tous - 2017 - 22 danseurs

Chorégraphie Miguel Gutierrez, en collaboration avec les artistes du CCN Ballet de Lorraine

Musique Miguel Gutierrez et Olli Lautiola

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