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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Dans la peau de Don Quichotte - Cervantès/La Cordonnerie

Publié le 15 Mai 2018 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Théâtre, Ciné-spectacle

La Cordonnerie se consacre au ciné-spectacle, mêlant image à l'écran et personnages sur scène.  Avec Dans la peau de Don Quichotte,  la compagnie nous immerge dans l'esprit d'un petit fonctionnaire basculant soudain dans celui du Chevalier à la Triste Figure.

Une longue introduction filmée nous montre Michel, bibliothécaire, numérisant besogneusement le catalogue dans un ordinateur à la veille de l'an 2000.

Pris dans ces livres, tel Don Quichotte dans les siens, Michel oublie ceux qui l'entourent affectueusement, comme l'agent d'entretien, et il manque sa chance de parler à la séduisante lectrice en quête de Cervantès...

Photo (c) Coline Ogier

Photo (c) Coline Ogier

Michel a pourtant noté un fait préoccupant :  le changement de millénaire n'a pas été pris en compte dans la programmation informatique et pourrait faire perdre tout son travail.

Il n'a pas pu en faire la sauvegarde à cause d'une coupure de courant et a tué le temps, à la lumière d'une torche, en feuilletant ses vieux albums de soixante-huitard contestataire. Ajouté à ça, il y a ce SDF dans la rue....

Bref, du fond de son inconscient, une révolte gronde contre l'injustice et après une nuit agitée,  Michel Alonso s'éveille dans la peau de Don Quichotte, de son vrai nom... Alonso Quixano.

Photo (c) Coline Ogier

Photo (c) Coline Ogier

Sur l'écran, entre paysages picards et aridité de la Mancha, Michel devient le chevalier errant, accompagné par un Sancho inquiet (l'agent dʼentretien) cherchant sa Dulcinée (la lectrice), redressant des torts imaginaires et affrontant des  éoliennes.

Il semble rêver mais peu à peu, c'est bien un homme gagné par la folie qui tel Don Quichotte, a quitté sa vie de routine pour combattre l'injustice.

Le film est muet : la musique est ajoutée en direct, les dialogues et la narration sont dits sur scène, tandis qu'un lot d'objets improbables sert au bruitage.

Le parallèle est intéressant et la reconstitution de l'époque des années 2000 est réussie mais, pour autant, je n'ai pas été convaincue par le procédé.

Le son est tonitruant et les gesticulations de Samuel Hercule et Métilde Weyergans jonglant avec soufflets, passoires, guirlandes de Noël enlèvent toute poésie à l'histoire, tirant le regard déjà bien sollicité par le héros et l'écran.

Philippe Vincenot est un Michel/Quichotte d'une grande sensibilité et j'aurais préféré le voir en théâtre plutôt qu'en music-hall.

 

Photo (c) Coline Ogier

Photo (c) Coline Ogier

C'est d'ailleurs bien ce qui me préoccupe, cette volonté grandissante de rajouter de la vidéo, de la musique, de l'électronique, dans le théâtre.

Nous sommes déjà dévorés par les écrans, et s'il y a une alchimie extraordinaire qu'on ne doit pas oublier, c'est qu'on peut faire rire et pleurer avec seulement du texte porté avec talent dans quelques bouts de carton-pâte.

 

 

Du 15 au 19 mai 2018 au Théâtre de la Croix-Rousse - Durée : 1 h 35.

 

Texte, réalisation, mise en scène : Métilde Weyergans et Samuel Hercule d‘après l’oeuvre de Cervantès – Création 2017/2018

Musique originale Timothée Jolly et Mathieu Ogier

Avec : Philippe Vincenot, Samuel Hercule, Métilde Weyergans, Timothée Jolly, Mathieu Ogier et à l’écran : Ava Baya, Jean-Luc Porraz, Anne Ferret, Michel Le Gouis, Nicolas Avinée, Xavier Guelfi, Pierre Germain, Constance Chaperon, Alexis Corso, Grégoire Jeudy…

 

Image : Lucie Baudinaud - Décors : Dethvixay Banthrongsakd - Costumes : Rémy Le Dudal

Montage : Gwenaël Giard Barberin - Direction de production tournage : Lucas Tothe

Création sonore : Adrian Bourget - Création lumineuse : Soline Marchand

Construction de la machinerie : les Artistes Bricoleurs Associés

 

Régie son : Adrian’ Bourget / Eric Rousson - Régie générale : Sébastien Dumas

Régie plateau : Frédéric Soria / Pierrick Corbaz

 

Production : La Cordonnerie Coproductions : Théâtre de la Ville – Paris ; Nouveau théâtre de Montreuil, centre dramatique national ; Théâtre de St-Quentin-en-Yvelines, scène nationale ; Théâtre-Sénart, scène nationale ; Théâtre de la Croix Rousse, Lyon ; Maison de la Culture de Bourges / Scène Nationale ; Le Granit, scène nationale, Belfort ; Théâtre de Villefranche-sur-Saône ; L’Onde, Vélizy-Villacoublay.

 

Avec l’aide de l’Adami et de la SPEDIDAM et le soutien de la Région Auvergne – Rhône-Alpes et du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Auvergne – Rhône-Alpes.

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