En 1888, le directeur des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg, Ivan Vsevolojski commanda à Piotr Tchaïkovski la partition d’un ballet inspiré du conte La Belle au bois dormant.
Inspiré, le chorégraphe Marius Petipa donna au compositeur des instructions détaillées pour les morceaux dont il avait besoin afin d'obtenir la meilleure expression des danseurs. Depuis, le ballet original a évolué au gré des attentes du public, des techniques de ballet, et de la forme physique des danseurs.
S'il est largement associé à la France, c'est que la première production était inscrite dans le style de Louis XIV, rappelant l'âge d'or de la danse classique et imprégné de la splendeur de Versailles.
Pour faire revivre la production spectaculaire du passé dans une optique plus moderne, le Yacobson Ballet a invité le danseur et chorégraphe Jean-Guillaume Bart qui devint Etoile, en 2000, à l'issue d'une représentation de La Belle au Bois Dormant de Noureev.
Le résultat est une étonnante friandise au carrefour du théâtre et de la danse. Dans un décor de superbes toiles peintes, les danseurs évoluent dans des costumes aux couleurs sucrées, rutilants de paillettes et sans cesse renouvelés.
L'accent est mis sur la narration, avec beaucoup de mimiques, de pantomime et d'effets comiques. Les amateurs de ballet regretteront parfois la magie que dégage la seule simplicité d'une techique impeccable mais l'ensemble reste un joli spectacle.
L'un des temps forts a été l'entrée en scène stupéfiante de la fée Carabosse, toute en noir et pourpre comme les cinq sujets qui la portent et l'entourent, avec une allure entre chien-démon et Méphisto... Le rôle habituellement mimé est ici dansé et Angelina Grigoreva a été d'une présence remarquable
A l'inverse, Alla Bocharova, aujourd'hui dans le rôle d'Aurore, a semblé peiner dans les équilibres et crispée dans l'expression, en particulier pendant le difficile Adage à la rose. Peut-être une fatigue passagère ? Son corps décharné interroge...
Sorokin a combiné force et grâce dans les solos du Prince Désiré, en prélude au dernier acte, un bal masqué invitant d'autres personnages de conte. Sofia Matyushenskaya, en Princesse Florine, a formé un très gracieux duo avec l’Oiseau bleu, Kirill Vychuzhanin. La chatte blanche, Olga Mikhailova, mutine a souhait, avait de quoi éclipser le Petit Chaperon Rouge, dans le coeur du Loup, Igor Yachmenev, très expressif malgré le masque.
Le deuxième acte a offert de beaux ensembles de quadrilles et choryphées, dans des géométries étourdissantes, malgré l'étroitesse de la scène rappelant que le bâtiment fut d'abord celui d'un théâtre.
Au final, c'est un grand plaisir de découvrir en scène un classique du répertoire et d'entendre la musique de Tchaikovski, romantique à souhait, avec ses éclats de cuivre et ses fantaisies de harpe.
Du 24 au 29 janvier 2018 à la Maison de la Danse de Lyon
La Belle au bois dormant - Ballet en 3 actes créé en 1890
Livret Ivan Vsevolojski et Marius Petipa, d’après le conte de Charles Perrault
Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski
Chorégraphie 2016: Jean-Guillaume Bart d’après Marius Petipa -
Décors et costumes Olga Shaishmelashvili
Yacobson Ballet / Saint-Petersburg State Academic Ballet Theatre
50 danseurs - Durée : 3 h environ