J'ai trotté presque une heure dans la périphérie du centre historique pour voir le fameux puits de Moïse qui se trouve actuellement au sein du parc du centre hospitalier spécialisé de Dijon.
C'est le vestige d'un calvaire situé au milieu d'un puits dans ce qui était autrefois le grand cloître de la chartreuse de Champmol.
Pour l'anecdote, «la Chartreuse» désigne le centre hospitalier spécialisé en maladies mentales et l'expression «aller à la Chartreuse» signifie aujourd'hui à Dijon être hospitalisé en psychiatrie.
Commandé par Philippe II de Bourgogne, il est l'œuvre du sculpteur hollandais Claus Sluter et de son neveu Claus de Werve, avec la participation du peintre Jean Malouel pour la polychromie.
Selon les comptes des ducs de Bourgogne, il a été sculpté et peint entre 1396 et 1405. Détruit dans sa partie haute au cours du 18e siècle, il n'en subsiste plus que la partie basse, constituée d'une pile hexagonale surmontée de six statues de prophètes de l'Ancien Testament.
Il est considéré comme un chef-d'œuvre de la sculpture du gothique international et un précurseur de l'art de la Renaissance.
Comme je me suis allègrement perdue dans le parc du centre hospitalier, j'ai eu la chance de tomber par hasard sur une très jolie chapelle dont j'ignorais la présence et pour laquelle j'ai fait une recherche sur la Toile.
La chapelle est édifiée à l’emplacement de l'église de la Chartreuse de Champmol, fondée par le duc de Bourgogne Philippe le Hardi à la fin du 14e siècle. Elle qui fut un foyer artistique majeur de cette époque et servit de nécropole aux Ducs de Bourgogne.
A la Révolution, la plupart des bâtiments furent démolis, à l'exception du Puits de Moïse, de la Tour de l’Oratoire et du portail de Sluter. Les tombeaux des Ducs furent transférés à Saint-Bénigne puis au Musée des Beaux-Arts.
D’abord transformé en lieu de villégiature, le site est racheté par le département en 1833 pour accueillir un hospice départemental.
L'architecte Pierre-Paul Petit, inspiré par les nouvelles théories de la psychiatrie et la conscience patrimoniale naissante, développe une nouvelle composition néoclassique en U autour du Puits de Moïse.
Il fait construire une nouvelle chapelle de style néogothique à l’emplacement de l’ancienne église des Chartreux, évoquant l’édifice disparu avec une voûte lambrissée peinte de la devise ducale, et l'apport de vitraux héraldiques du 15e siècle provenant de l’abside de l’église Saint-Jean et d'un haut-relief du 15e siècle provenant de la Chambre des Comptes.
Récupéré du premier édifice gothique, le portail d'entrée sculpté par Claus Sluter a été réintégré dans la maçonnerie du vestibule de la chapelle de l'hôpital, que je ne n'ai pas vue.
La chapelle est moins longue vers l’est que ne l’était l’ancienne église des Chartreux, laissant de fait l’ancienne tourelle de l’oratoire ducal isolée, dans le plus pur goût de la ruine romantique.