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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Don Quichotte - Cervantès/Les Dramaticules - Théâtre de la Renaissance

Publié le 14 Octobre 2017 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Théâtre

Ridicule ou admirable, Don Quichotte est devenu l’archétype de l’idéaliste généreux, nobliau nostalgique se rêvant redresseur de torts.

Il est entré dans notre imaginaire, avec sa Dulcinée et ses moulins à vent, même chez ceux qui n’ont pas lu le pavé considéré comme le premier roman moderne,

Cervantès multiplie les allers-retours entre fiction principale et fictions secondaires, et fait faire du théâtre à ses personnages. D’ailleurs, le récit est annoncé comme véridique mais son conteur lui-même est un personnage de fiction…

L’histoire est celle d’Alonso Quijano, un hidalgo enfiévré par la lecture de trop romans de chevalerie. Il change de nom, décide de se faire chevalier errant et part sur les routes, accompagné du paysan  Sancho Panza, qu'il prend comme écuyer en lui promettant de le faire un jour gouverneur. 

Dans sa folie, il confond fantasme et réalité, voyant des injustices dans des situations banales et imaginant de la noblesse chez une paysanne. Sa folie l'expose aux quolibets mais il y a de la grandeur dans son obsession de faire le bien de tous et ne nuire à personne.

Photo : Jean-Louis Fernandez

Photo : Jean-Louis Fernandez

Le monument n’a pas été de taille à décourager le metteur en scène, Jérémie Le Louët, de la Compagnie des Dramaticules, qui déclare :

« J’aime que cohabitent dans un même spectacle la tradition et l’expérimentation, la grandiloquence et le réalisme le plus trivial, la moquerie satirique et l’hommage vibrant, la tragédie classique et le canular. ».  

Le scène est transformée en plateau de tournage entouré d'éléments de décor changés à vue, et surplombé d'un écran de cinéma. Une table de régie, des statues ou des portants pour costumes laissent à peine la place pour les montures, sur roulettes, des deux héros… 

C’est du théâtre dans le théâtre, et les comédiens comme les techniciens s’en donnent à cœur joie pour entremêler la fiction de l’histoire et la réalité de la représentation.

Photo : Jean-Louis Fernandez

Photo : Jean-Louis Fernandez

Le Louët endosse lui-même le rôle du Chevalier à la triste figure, lors d'une extraordinaire  scène d'ouverture. Dans un format de conférence de presse, il tente avec l'aide Julien Buchy/Sancho Pança, de répondre à une avalanche de questions aussi grossières que prétentieuses posées par des "journalistes" mêlés au public. 

La pression révèle très vite que le metteur en scène est en fait devenu Don Quichotte. L'aventure commence et c'est le moins qu'on puisse dire : captation du public, bruitages de dessin animé, effets comiques, vidéo, fumigènes, musique de Carmen aux Walkyries en passant par Guillaume Tell, autant dire que ça fait du barouf, au détriment parfois de l'émotion tragique qui sous-tend l'histoire.

Heureusement, il y a le choix judicieux des textes portés avec clarté par des comédiens excellents. Julien Buchy est un Sancho d'un naturel confondant,  Cassandre Vittu de Kerraoul, tour à tour narratrice et duchesse, a une diction magique qui porte droit au coeur.  Jérémie Le Louët se donne entièrement à son rôle, habité par la folie d'un homme qui veut tout seul faire le monde meilleur.

Il y a cet intermède de remise d'un Molière, manifeste de l'amour du théâtre, pour sa capacité à nous ouvrir les yeux et nous jeter aussi dans la bataille contre les injustices.  Il y a ces tirades vibrantes qui font le lien entre le passé et le présent.

Au final, malgré quelques longueurs, la richesse de la pièce, dans ses niveaux de lecture et ses thèmes en filigrane, mérite le déplacement.

Photo : Jean-Louis Fernandez

Photo : Jean-Louis Fernandez

Du 11 au 13 octobre : Théâtre de La Renaissance - Oullins (69)

Adaptation, mise en scène Jérémie Le Louët - Collaboration artistique Noémie Guedj
Scénographie Blandine Vieillot - Costumes Barbara Gassier
Vidéo Thomas Chrétien, Simon Denis et Jérémie Le Louët
Lumières Thomas Chrétien - Son Simon Denis

Avec  Pierre-Antoine Billon, Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg
Jérémie Le Louët et Cassandre Vittu de Kerraoul

Durée : 2 h

Tournée 2017/2018

19 octobre :Théâtre de Saumur (49)
7 novembre : Théâtre de Cachan-Jacques Carat (94)
Du 13 au 15 novembre : Théâtre de la Madeleine, scène conventionnée - Troyes (10)
Du 21 au 23 novembre : Quartz, scène nationale - Brest (29)
Du 30 novembre au 1er décembre : Phénix, scène nationale - Valenciennes (59)
5 décembre - Mont-de-Marsan Agglo (40)
21 décembre Centre culturel Les Trois Pierrots - Saint-Cloud (92)
16 janvier Carré Magique - Lannion (22)
20 janvier Centre culturel Athéna - Auray (56)
23 janvier Piano’cktail - Bouguenais (44)
25 janvier Théâtre Quartier Libre - Ancenis (44)
8 février Théâtre de Laval (54)
10 février Centre culturel Jean Duhamel - Vitré (35)

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