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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Le couronnement de Poppée - Monteverdi/d'Hérin/Grüber

Publié le 19 Mars 2017 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Opéra

Dans le cadre du Festival mémoires, l’Opéra de Lyon a invité l’Opéra de Vichy à co-réaliser une reprise du Couronnement de Poppée de Monteverdi tel qu’il avait été recréé par Klaus Michael Grüber en 1999. Ils ont fait pour cela appel aux jeunes voix du Studio de l’Opéra de Lyon et aux instruments des Nouveaux Caractères, sous la baguette de  Sébastien d’Hérin,  

Composé en 1642 par Claudio Monteverdi, sur un livret de Francesco Busenello, Le couronnement de Poppée est considéré comme la naissance de l’opéra moderne. La

C’est une oeuvre pleine d’audaces rythmiques et harmoniques. Avec un orchestre réduit, l’oeuvre est dominée par le chant, ce qui renforce le réalisme psychologique du thème :  il ne s’agit plus de piocher dans les froufrous de la mythologie mais d’oser mettre en scène une brochette de personnages pas très reluisants…  

Ainsi, l’empereur Néron envisage de répudier Octavie pour épouser Poppée avec qui il entretient une liaison passionnée bien qu’elle soit elle aussi mariée, à Othon.  Poppée, bien décidée à devenir impératrice, convainc Néron de condamner à mort son précepteur Sénèque qui est hostile à leur projet. De son côté, Octavie incite Othon à trucider Poppée, avec l’aide de son ancienne amante, Drusilla.

Lorsque le complot est découvert, Néron en profite pour condamner les trois complices à l’exil pour être enfin libre d'épouser Poppée...
 

Le couronnement de Poppée - Monteverdi/d'Hérin/Grüber

Dans l'ensemble, la musique est pleine de joliesse et de douceur, en l'absence de percussion.  Pour charmer l'oreille, il y a les instruments connus comme le violon, le violoncelle, la harpe, l'orgue et le clavecin (à la main un peu lourde)  mais aussi les plus rares comme le violone, le lirone, le théorbe, la viole de gambe et la doulciane.

Le ton plutôt léger est donné gaiement par l'ouverture et le prologue qui fait chanter Vertu, Fortune et Amour se chamaillant sur leurs puissances respectives.

Rocio Perez en Amour  -  (c) Jean-Louis Fernandez

Rocio Perez en Amour - (c) Jean-Louis Fernandez

L'histoire, mise en scène avec clarté dans des décors changeants, est portée par les jeunes voix du Studio de l’Opéra de Lyon. Cette jeunesse n'empêche pas l'intensité.

Josefine Göhmann affirmera probablement les graves de son registre, avec un peu plus de maturité, mais sa Poppée s'affirme  dans les notes hautes.  

Néron, dévoré d'amour pour Poppée, cruel et capricieux face à Sénèque, est porté magistralement par Laura Zigmantaite, à la fois dans le jeu d'actrice et dans la puissance de la voix nécessaire à ce rôle prévu pour un castrat.

Il est bien regrettable que leurs duos de séduction soient chantés en les gardant éloignés quand le texte suggère une brûlante passion...

Laura Zigmantaite en Néron -  (c) Jean-Louis Fernandez

Laura Zigmantaite en Néron - (c) Jean-Louis Fernandez

Avec beaucoup d'expressivité, Elli Vallinoja, expose une émouvante Octavie, digne malgré sa blessure. 

Elli Vallinoja en Octavie - (c) Jean-Louis Fernandez

Elli Vallinoja en Octavie - (c) Jean-Louis Fernandez

En contraste, Emilie-Rose Bry donne à une Drusilla éperdue d'amour pour Othon, toute la candeur et l'espoir d'une jeune fille.

Emilie-Rose Bry en Drusilla  -  (c) Jean-Louis Fernandez

Emilie-Rose Bry en Drusilla - (c) Jean-Louis Fernandez

Un bémol serait Aline Kostrewa, dont le manque de puissance, rend Othon un peu falot malgré ses tourments et son rôle dans l'histoire.

Chez les hommes, André Gass méconnaissable en Arnalta, fait preuve d'un comique certain qui n'entame pas sa qualité vocale.

Pawel Kolodziej, dont la basse nette et profonde s'accorde avec sa toge noire, compose un Sénèque touchant, tandis que James Hall, qui le côtoie brièvement en Pallas, a un timbre particulièrement séduisant. 

D'ailleurs, aucun des seconds rôles n'est décevant, ce qui parachève une excellente représentation. 

Il faut dire que s'il est surprenant de voir un opéra dans un théâtre, l'acoustique du TNP de Villeurbanne n'a pas trahi les artistes.
 

Josefine Göhmann en Poppée et André Gass en nourrice Arnalta - (c) Jean-Louis Fernandez

Josefine Göhmann en Poppée et André Gass en nourrice Arnalta - (c) Jean-Louis Fernandez

19 mars 2017 au TNP de Villeurbanne

Opéra en italien, avec un prologue et trois actes - 3 heures

Direction musicale Sébastien d'Hérin
Ensemble Les Nouveaux Caractères - Solistes du Studio de l'Opéra de Lyon

Avec: 

Poppée/Drusilla/ Vertu Josefine Göhmann  et  Emilie Rose Bry (soprano) en alternance

Néron (écrit pour castrat) Laura Zigmantaite (mezzo-soprano)

Othon (écrit pour castrat) Aline Kostrewa (mezzo-soprano)

Octavie Elli Vallinoja (soprano) - Seneca Pawel Kolodziej (basse)

Arnalta, nourrice de Poppée André Gass (ténor) Pallas James Hall (contre-ténor)

Fortune / Vallet Katherine Aitken (mezzo-soprano) - Lucain Oliver Johnston (ténor)  Mercure / Soldat  Brenton Spiteri (ténor) - Littore / Liberto Pierre Héritier (baryton)

Damigella / Amour Rocio Perez (soprano) -  Famigliare Aaron O'Hare (baryton)

Mise en scène Klaus Michael Grüber - Réalisation de la mise en scène Ellen Hammer
Décors Gilles Aillaud - Recréation des décors Bernard Michel
Costumes Rudy Sabounghi - Lumières Dominique Borrini

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