Au sortir de l'aéroport, j'ai passé une nuit à Yerevan dans une auberge de jeunesse pour me requinquer avant de prendre la route pour Vardenis, où j'ai bien l'intention de profiter des joies de la campagne.
Mon hôte, Artem, est venu me chercher au matin, avec Vahé, le chauffeur. Je suis traitée non pas comme une Baronne mais comme une reine, et c'est bien plaisant !
Artem était spécialiste financier à la capitale mais après une période difficile, il a choisi de transformer la maison familiale de Vardenis en maison d'hôtes. Le jeune Vahé travaille comme chauffeur pour se constituer un pécule qui lui permettra d'ouvrir son magasin de primeurs.
Artem a choisi la route du lac pour faire des escales touristiques dont la première est Sevanavank (en arménien Սևանավանք, « monastère de Sevan »), situé sur une péninsule du lac Sevan, dans la région de Gegharkunik, au nord-est du haut-plateau arménien, à une altitude de 2 000 m.
Le monastère fut fondé en 874 par la princesse Mariam Bagratouni et à l'initiative du futur Catholicos Machtots, sur l'emplacement d'un monastère du IVe siècle détruit par les Arabes.
Traversant les siècles, Sevanavank a été partiellement détruit dans les années 1930. Il n'en subsiste que deux églises, Sourp Arakelots (« Saints-Apôtres ») et Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu »), aujourd'hui parties intégrantes du séminaire adjacent.
Au-delà des données historiques, le point de vue est superbe sur le lac dont l’immensité donne l’illusion d’être en bord de mer.
Le temps y est très changeant : de gros nuages se déplacent et le soleil radieux alterne avec un ciel presque crépusculaire.
Plus tard, je publierai un article sur les khatchkar, ces croix sculptées dans la pierre mais je montre celles-ci car celle située au centre a une particularité que je n'avais encore
Si vous regardez bien au croisement de ses bras, le tuf est creusé. C'est dû à certains croyants venant émettre un voeu qui touchent la pierre pour qu'il se réalise.
On voit aussi ce geste dans les galeries d'art, comme à Florence où l'orteil pointé du Mercure en bronze sculpté par Cellini est la seule partie qui brille comme l'or, tant les visiteurs ne peuvent s'empêcher de le caresser...
Nous redescendons de ce belvédère pour reprendre la route.
Les pierres et l'allégresse du lieu ont suscité l'enthousiasme d'un artiste dans l'âme qui a réalisé une oeuvre naïve in situ, à la fois incongrue et charmante.