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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Victor F - Laurent Gutmann, d'après Mary Shelley

Publié le 26 Janvier 2017 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Théâtre

Difficile de croire que Mary Shelley n'avait que 19 ans quand elle écrivit son roman dans lequel un pauvre être composite est rejeté par son propre créateur, Victor Frankenstein, qu'il voit comme un père et dont il veut porter le nom. Son aspiration au bien est vite détruite par la méchanceté humaine, le conduisant à une fin tragique.

Cette oeuvre bouleversante, révélatrice des principes premiers de la nature humaine, a été tellement détournée que la créature a fini par être réduite au monstre d'épouvante qui a fait les beaux jours de la Hammer.

Gutman, dont nous avions pu apprécier le Prince d'après Machiavel, a voulu nous montrer que le thème du démiurge est toujours d'actualité.

Ainsi, la pièce ouvre avec le scientifique suisse Victor F. qui nous sert un exposé sur l'homme artificiel et la génétique avec la grâce d'un bonimenteur de foire. Il est venu mener ses expériences en France. C'est drôle, biscornu et on est impatient de voir la suite...

Les décors en diorama sont superbes et la bande-son très intéressante.

Nous voici enfin propulsés dans son laboratoire, prêts à assister à la naissance du nouvel  Adam créé non pas de l'argile mais de la poussière d'étoile.

Le tout se passe dans un tonnerre d'effets spéciaux, tandis que Victor F. ne ménage pas les siens. 

(c) Pierre Grobois

(c) Pierre Grobois

Pendant que dans le laboratoire se mijote la création, Victor F. est entouré de  son ami Henri et sa fiancée Elisabeth venue lui reprocher ses années d'absence tandis qu'elle attendait qu'il en finisse avec ses travaux.

En voyant le résultat de son expérience, le savant paniqué l'abandonne, fuyant se cacher en Suisse, avec Henri et plus tard Elisabeth.

C'est une voix hors champ qui exprime la pensée de la créature qui s'éveille et se met en route pour retrouver son père, semant la terreur sur son chemin. Son allure ne nous sera révélée que lorsqu'il arrivera enfin.

Malheureusement, dans l'intervalle, la pièce s'est égarée. Alors qu'on attendait une réflexion approfondie à la lumière des progrès de la génétique, on a basculé sur la comédie de moeurs avec les efforts de la fiancée pour se réapproprier son fuyant savant, fourrant là-dedans le désir d'enfant, la vie à deux et la conformité sociale.

Pourquoi cette esquive ? Le morceau était-il trop gros ? 
 

Victor F - Laurent Gutmann, d'après Mary Shelley

On retiendra toutefois l'inénarrable parade nuptiale de Cassandre Vittu de Kerraoul sur le fameux Sway qui, si elle n'apporte rien à l'histoire, a le mérite de susciter une franche hilarité.

L'affaire se clôt sur un procès fait à Victor F. avec sa créature comme témoin, mais la promesse n'est pas tenue et le tout laisse une impression d'inachevé.

Jusqu'au 3 février 2017  au Théâtre de la Croix-Rousse

Ecriture et mise en scène Laurent Gutmann - Scénographie Alexandre de Dardel
Lumières Yann Loric - Son Estelle Gotteland - Costumes Axel Aust
Maquillages, perruques Catherine Saint-Sever - Masque Alexis Kinebanyan – KFX Studio
Collaboration artistique Aurélien Desclozeaux

avec Éric Petitjean, Cassandre Vittu de Kerraoul, Luc Schiltz, Serge Wolf
 
Construction du décor Ateliers des Théâtres de la Ville de Luxembourg et l’EPPGHV 
Production La Dissipation des brumes matinales
Direction de production Emmanuel Magis, Anahi www.anahi-spectacle-vivant.fr
Coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Le Granit – SN de Belfort
avec le soutien de la DGCA-Ministère de la Culture et de la Communication, de l’ADAMI et la participation artistique de l’ENSATT

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