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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Correria Agwa - Mourad Merzouki à la Maison de la Danse de Lyon

Publié le 15 Décembre 2016 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Danse

Arts du cirque, arts martiaux... En 1988, Mourad Merzouki était déjà dans le mouvement quand, à quinze ans, il découvre la culture hip hop dont la danse de rue l'amène à d'autres mondes chorégraphiques. Il se forme auprès de Delente, Duroure et Nadj, avant de créer la troupe Accrorap, en 1989, avec d'autres amis danseurs.

Cette année est le vingtième anniversaire de la fondation de sa compagnie Käfig, signifiant curieusement "la cage" aussi bien en arabe qu'en allemand.

Lors d'un entretien avec Jefferson Lembeye, à la Maison de la Danse de Lyon, en 1997, Merzouki expliquait :

"Nous voulions parler de notre façon de vivre dans le hip-hop et dans la société d’aujourd’hui. C’est l’enfermement qui est apparu comme une constante. Ce n’était pas pour rien que nous avions envie de faire des rencontres et de nous tourner vers d’autres cultures."

Ainsi, Correria Agwa, est née de la rencontre du chorégraphe avec des danseurs exclusivement masculins  de Rio de Janeiro, lors de la Biennale de la Danse de Lyon en 2006. 

Merzouki ressent chez les jeunes cariocas aux racines plongées dans les favelas cette même passion qui lui a fait puiser dans la danse la force de s’en sortir et d’aller vers l’autre.

© Michel Cavalca

© Michel Cavalca

Si le débat sur l'influence de la capoeira sur le hip hop n'a pas été concluant, on ne peut s'empêcher d'y penser dans certains mouvements que Merzouki a mis dans Correria, dont les courses en rond ne sont pas le plus intéressant.

La véritable séduction est dans ce métissage de mouvements contemporains mâtinés de break dance sur une musique surprenante, débutant par les percussions de mains et pieds, avec un samba chantonnée par les danseurs, pour aller progressivement vers du chant baroque relevé de musique égyptienne et de oud, avant de déboucher sur une répétition à la manière de Greenaway. 

L'alternance de ralentis avec des gestes de bras fulgurants, comme une explosion d'énergie, garde le spectacle en tension, avec des moments très ludiques comme ce soliste qui ondule en véritable désossé. 

Les duos fluides éveillent un écho des Nicholas Brothers, et la complicité de la troupe ressort dans une pantomime d'arrestation comme un gendarme saisissant le voleur qui poursuit sa course en pédalant dans les airs alors qu'il ne touche plus le sol.  

Dans une samba plus marquée, Agwa débute par un époustouflant numéro d'acrobatie entre des centaines de gobelets transparents.

Correria Agwa  - Mourad  Merzouki à la Maison de la Danse de Lyon

C'est l'eau qui est au coeur de la scénographie, transvasée dans ces gobelets que les danseurs empilent, déploient et bousculent dans des jeux de lumière magiques. Plus tard, une danse devient prétexte à enfiler des capes de pluie tranparentes, scintillant comme des averses au gré des corps en mouvement.

Toute la puissance des danseurs se révèle sur une musique très rythmée, avec un passage particulièrement enlevé aux résonnances d'orchestre tzigane. De l'énergie brute se dégage une véritable joie de vivre, des associations d'idées d'où surgit un sentiment d'appartenance à un monde pluriel.

Le public de la Maison de la Danse de Lyon a applaudi debout la générosité de la troupe, rejointe sur scène par Mourad Merzouki  dont on espère très vite la prochaine création.

© Michel Cavalca

© Michel Cavalca

MOURAD MERZOUKI / CCN DE CRETEIL ET DU VAL-DE-MARNE / COMPAGNIE KÃFIG

Correria – 2010 - Direction artistique et chorégraphie Mourad Merzouki en collaboration avec les interprètes, assisté de Laurence Pérez - Musique AS’N - Lumière Yoann Tivoli  Scénographie Mourad Merzouki et Benjamin Lebreton - Costumes Delphine Capossela  Vidéo Charles Carcopino

Agwa - 2008 - Direction artistique et chorégraphie Mourad Merzouki assisté de Kader Belmoktar Musique AS’N - Lumière Yoann Tivoli - Scénographie Mourad Merzouki et Benjamin Lebreton - Costumes Angèle Mignot 

Avec 10 danseurs : Diego Alves dos Santos “Dieguinho”, Leonardo Alves Moreira “Leo”, José Amilton Rodrigues Junior “Zé”, Cleiton Luiz Caetano de Oliveira “Cleiton”,  Geovane Fidelis da Conceiçao “Geovane”, Diego Gonçalves do Nascimento Leitão “White”, Wanderlino Martins Neves “Sorriso”, Aguinaldo de Oliveira Lopes “Anjo”, Alexsandro Soares Campana Da Silva “Pit”, Helio Robson Dos Anjos Cavalcanti.

Durée: 1h15 entracte compris  

 

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