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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

L'Enlèvement au sérail - Mozart/Wajdi Mouawad

Publié le 1 Juillet 2016 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Opéra

Mozart n'a que 26 ans quand il écrit cette comédie en musique, alternant rôles parlés et chantés. Il est jeune, amoureux et tout son bonheur donne à la partition l'ampleur d'une oeuvre lyrique car il  s'apprête à épouser Constance Weber

C'est justement, le prénom de la fiancée du jeune seigneur Belmonte qui doit la délivrer du sérail du pacha Selim où elle est sous la garde du cruel Osmin. Blonde, la servante de Constance, et Pedrillo, le valet de Belmonte, sont aussi prisonniers du pacha. Après bien des péripéties pour organiser une évasion, l'affaire se termine sur un coup de théâtre en ode à la bienveillance.

Les triangles et cymbales qui ouvrent la partition préludent à l'allégresse qui suit. Visiblement, Mozart s'amuse et, à l’empereur Joseph II déclarant « Trop de notes pour les oreilles de mes Viennois », il aurait même répondu  « Pas une de trop, Sire ! ». 

(c) Stofleth

(c) Stofleth

Jusqu'ici, en matière d'oeuvres lyriques, Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de la Colline, n'avait mis en scènce que des oeuvres contemporaines, en collaboration avec le compositeur et le librettiste.

Confronté à cette "turquerie" classique, il a choisir de réécrire les dialogues pour aborder le domaine Orient/Occident non dans leurs différences religieuses mais dans leur point de vue commun sur le contrôle et l'exploitation des femmes. 

Cette tribune, certes louable, a introduit des lourdeurs de dialogue et considérablement rallongé l'oeuvre : nous n'avons pas été convaincue par ce parti pris,  d'autant que Mozart s'était très impliqué dans le livret, le faisant modifier par Johann Gottlieb Stephanie pour qu'il s'accorde à la musique qu'il avait en tête.

Heureusement, les arias sont bien là et la distribution leur fait honneur.

(c) Stofleth - L'illustration parfaite de "tête-de-Turc"...

(c) Stofleth - L'illustration parfaite de "tête-de-Turc"...

Sous la baguette de Stefano Montanari, l'orchestre a la  grâce de laisser de l'espace aux chanteurs pour déployer leurs émotions.

Sur scène, le décor de murs mobiles, qui tantôt protègent et tantôt enferment, sont un écrin en clair-obscur pour les contrastes : Selim comme Osmin, vêtus de gris, sont loin de la caricature en "mamamouchi", tandis que Belmonte déborde de  froufrous. 

Cyrille Dubois en est la voix élégante, à laquelle les nasales donnent un grain baroque inéressant. Il fait primer les nuances sur la puissance, avec néanmoins de belles tenues. 

Par contraste, Jane Archibald est une Constance très forte, au point que dans le morceau de bravoure qu'est Marten aller arte, les plus hautes notes confinent à la  stridence. Sa virtuosité est néanmoins indéniable, comme en ont témoigné les applaudissements.

Si la voix de Joanna Wydorska  est un peu légère  pour les duos,  sa présence scénique est remarquable dans le rôle d'une Blonde  résolue mais joliment espiègle. 

Un velours pour l'oreille est la basse enveloppante de David Steffens, nette dans tout son registre, dont  l'ampleur n'empêche pas de doter Osmin d'une touchante sensibilité.

L'astucieux Pedrillo de Michael Laurenz est très bien rendu et s'l n'est pas au mieux dans le mezza voce, il met toute son énergie dans le Frisch zum Kampfe et ses aigus difficiles.

Comédien de théatre, Peter Lohmeyer  interprète un Selim presque ascétique, tiraillé entre son amour sans retour et son statut de maître suprême.

Jusqu'au 15 juillet 2016 à l'Opéra de Lyon - Environ 3 heures

Livret de Johann Gottlieb Stephanie d’après une pièce de Bretzner

Mise en scène et réécriture des dialogues Wajdi Mouawad
Direction musicale Stefano Montanari - Dramaturgie Charlotte Farcet
Décors Emmanuel Clolus - Costumes Emmanuelle Thomas
 
Orchestre et Choeurs de l’Opéra de Lyon

Konstanze    Jane Archibald (soprano)
Belmonte     Cyrille Dubois (ténor)
Blondchen   Joanna Wydorska (soprano)
Pédrillo        Michael Laurenz (ténor)
Osmin          David Steffens (basse)

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