Ce mur d'accueil n'est qu'un portique d'accès...
La ville de Roubaix fut autrefois glorieuse de son industrie textile, de renommée internationale. Pourtant, en 2014, Roubaix a remporté le titre peu enviable de ville la plus pauvre de France, dans un contexte très bien exposé dans cet article d'Olivier Favier.
En pleine mutation, elle joue maintenant la carte de la culture pour retrouver son rayonnement. Son musée dit "La Piscine" en est le joyau qui mérite le déplacement.
A l'entrée, des points multicolores attirent le regard....
... ce sont les pastilles adhésives que les visiteurs laissent en partant.
Le Musée d'art et d'industrie André-Diligent doit son surnom au fait qu'il est installé dans une ancienne piscine de style Art déco.
Porté par le mouvement hygiéniste, le maire de Roubaix chargea l'architecte lillois Albert Baert de construire « la plus belle piscine de France ».
L'établissement ouvre ses portes en 1932, à la fois une piscine sportive, avec son bassin olympique de 50 mètres, et bains-douches, complétés d'un réfectoire, d'un salon de coiffure-manucure-pédicure, de bains de vapeur et d'une laverie industrielle.
Le complexe est organisé autour d'un jardin-roseraie, à l'image des abbayes cisterciennes.
Le bâtiment principal renferme le bassin, éclairé de vitraux qui symbolisent le soleil levant et le soleil couchant. Il est encadré de baignoires disposées sur deux étages, le long des façades sur jardin.
En 1934, la piscine est classée par la revue Bâtir comme l’une des plus modernes d’Europe. Elle commence à se dégrader dans les années 1970 au point qu'elle ferme en 1985 pour raisons de sécurité.
À la suite d'un appel à projet international, le chantier est confié à l'architecte Jean-Paul Philippon et l'inauguration du musée a lieu en 2001. Il bénéficie d'importants dépôts des musées nationaux et de donations.
Tout a été organisé pour accueillir les collections en conservant l'architecture d'origine, dans un espace d'environ 7 000 m2.
Suivez-moi à présent pour un aperçu de cet endroit fascinant...
Le bassin a été réaménagé en une spectaculaire galerie de sculptures.
D'un côté se trouve Neptune crachant de l'eau, familièrement baptisé "le lion" en raison de sa chevelure en crinière.
A l'autre bout, se dresse un magnifique portique en grès cérame. Il s'intègre si bien qu'on pourrait croire qu'il faisait partie du décor d’origine de la piscine alors qu'il fut conçu par Alexandre Sandier, alors directeur des travaux d’art à la Manufacture Nationale de Sèvres, pour le pavillon français à l’Exposition Internationale de Gand, en Belgique, en 1911.
Ensuite, le portique fut démonté et installé au musée de Roubaix au début des années 1920.
Dans les coursives sont exposées des peintures et sculptures des XIXe et XXe siècles avec, parmi les plus célèbres, Camille Claudel, Henri Fantin-Latour, Jean-Léon Gérôme, Dominique Ingres, Tamara de Lempicka, Kees van Dongen...
Il y a également de quelques pièces de Sèvres et des panneaux en vitrail dans des coins et recoins.
Certaines cabines de douche ont été transformées en vitrines, et l'exploration est très agréable.
Un joli Dufy que j'aurais bien emporté...
Simon-Albert Bussy (un instant, j'ai pensé à Botéro). Ce sourire est étonnant !
1, 2 et 3 : Frans Depooter - 4 : Andrée Bosquet
Pierre Roche (Fernand Massignon, dit)
L'étage est consacré à un fonds ethnographique sur l'industrie textile, comprenant des milliers d'échantillons de la production française de 1835 à 1940 et des pièces textiles allant de l'Antiquité à la création contemporaine, consultable sur rendez-vous.
En outre, des vitrines sont consacrées à une collection de céramiques et à des expositions temporaires, le tout saupoudré de quelques tableaux.
Le café du musée est une escale chaleureuse et bienvenue, après trois heures de visite.
L'ancien solarium a été transformé en jardin thématique dédié aux plantes textiles, en référence au passé industriel de Roubaix. Les végétaux mis en scène répondent à ceux présentés dans le musée pour leur qualité esthétique et leur pouvoir tinctorial.
En partant, je vois par l'arrière, l'un des vitraux, comme un soleil couchant... ou levant, car le musée, déjà en cours d'agrandissement, promet de belles expositions.
Il est trop tard pour visiter la ville et je me contente de rallier la maison d'hôtes L'Abri du Passant, commodément située près du métro grâce auquel dès le lendemain je pourrai rallier la gare de Lille Europe.
L'endroit est une maison bourgeoise joliment rénovée où Nathalie vous accueille chaleureusement, autant grâce au soin qu'elle apporte tant au confort de ses hôtes qu'à un petit déjeuner succulent.