En 1822, Rossini se détache des canons rigoureux de l’opéra de tradition italienne pour donner à Zelmira un élan romantique.
A sa création, l’opéra fut donné dans toute l’Europe soulevant partout le même enthousiasme. Pourtant, il fut délaissé pendant plus d’un siècle avant d’être recréé en Italie, en 1965. Il est possible que l’extrême exigence des grands rôles ait rendu difficile le rassemblement d’autant de virtuoses dans une même oeuvre.
Zelmira est encore rare sur les grandes scènes lyriques, et c’est une chance que l’Opéra de Lyon nous en donne la version en concert. L’Orchestre et les Choeurs de la maison sont dirigés littéralement à bout de bras par un Evelino Pidò très tonique qui veille aussi, à la note près, aux modulations des solistes.
Très certainement, l’intérêt de Zelmira réside moins dans la beauté des chants portés par l'étincelante partition d’orchestre.
L'ouverture est brève, avec des accents funestes qui annoncent la dominante tragique de l'histoire.
Dans le premier acte, on apprend que l’île de Lesbos est gouvernée par le bon roi Polidoro, avec sa fille Zelmira et son gendre Ilo. Profitant de l’absence de celui-ci, l’aventurier Azor, tente de s’emparer du trône mais est tué par un autre intrigant, Antenore, qui accuse Zelmira du meurtre de son père.
Emma, la confidente de Zelmira, croit d’abord à ces accusations mais la princesse lui révèle que Polidoro est toujours en vie, à l’abri. Le prince Ilo, de retour, n'entend que la version d’Antenore couronné roi de Lesbos.
Lorsque Zelmira tente d’empêcher l’assassinat d’Ilo par Leucippo, à la solde d’Antenore, elle est trouvée le poignard à la main, accusée d’avoir tenté d’assassiner son mari, comme son père.
La scène I introduit Antenore, l'usurpateur. Si le personnage est odieux, le ténor qui l'interprète, Sergey Romanovsky S'appuyant sur une belle diction, il projette ses vocalises avec une précision et une aisance impressionnantes, dans l'ensemble de la tessiture.
, la soprano lyrique Patrizia Ciofi met l'entière étendue de la tessiture au service d'une interprétation émouvante. Ses fioritures sont enchanteresses, déliées, sans vibrato indésirable.
Le rôle d'Emma est écrit pour une contralto dramatique mais grâce à sa voix chaude et ronde, la mezzo-soprano Marianna Pizzolato l'interprète avec une sensibilité qui se révèle sur son visage expressif.
A la scène II, les entendre chanter "Non fuggirmi ?" augure bien du reste de la représentation.
Polidoro, entrant à la scène III, est chanté par Michele Pertusi, basse remarquable qui rend audibles les notes les plus graves. Dans la cavatine "Ah ! Gia trascorse il di", il nous transmet toute l'affection inquiète que le roi porte à sa fille.
Les trois se complètent durant la scène IV qui se termine sur "Cessa il clamor", porté par force cors et timbales, soulevant l'enthousiasme d'un public qui applaudit à tout rompre.
La scène V, flamboyante de choeurs, est parfaite pour la puissance vocale d'Antonino Siragusa
Mélodrame en deux actes - 1822
Musique de Gioacchino Rossini
Livret d'Andrea Leone Tottola, d'après une histoire de Dormont de Belloy
Concert en italien, surtitré en français
Orchestre et chœurs de l’Opéra de Lyon
Direction musicale : Eveline Pidò,
Chef des chœurs Philip white,
Polidoro, roi de Lesbos,: Michele Pertusi, basse
Zelmira, fille du roi : Patrizia Ciofi, soprano
Emma, sa confidente : Marianna Pizzolato, contralto
Ilo, époux de Zelmira : Antonino Siragusa, ténor
Antenore, un usurpateur : Sergey Romanovskiy,ténor
Leucippo, son complice : Patrick Bolleire, baryton-basse