« Flamenco y más » se veut le pont qui relie l’Andalousie à la région lyonnaise pour faire connaître, avec le Festival de Flamenco de Lyon, les peñas flamencas. Ces formations locales organisent toute l’année des cours et événements autour du chant (cante), de la guitare (toque) et de la danse (baile), pour préserver et faire connaître le flamenco inscrit depuis 2010 au patrimoine culturel de l'humanité de l'UNESCO.
Dans le cadre du 4e festival, l’Amphi de l’opéra de Lyon s’est enflammé au talent d’un quatuor issu de la peña « Curro de Utrera » fondée en 1984 et nommée selon le sobriquet du chanteur célèbre issu de la localité d’Utrera.
Celle est connue pour son chant caractéristique, lent avec des temps fort bien marqués. Ici, le compas a du poids, tout comme les fameux jaléos (olé).
Le quatuor était une affaire d’hommes, et pas des moindres.
Le guitariste Enrique Rodriguez a ouvert le spectacle avec un jeu brillant, à la fois puissant et nuancé, avant d’être rejoint par deux chanteurs, José Chacon l’expérimenté et Dani de Utrera l’une des jeunes gloires sur qui repose l’avenir du flamenco.
Saisi par la puissance vocale et le sentiment profond qui s’en dégage, on ne pouvait que regretter que les chants ne soient pas surtitrés, comme à l’opéra.
Si le flamenco dansé évoque souvent les femmes, dans un foisonnement de robes, c’est aussi une danse d’hommes. Manolito Pulesa l’a brillamment démontré et l’on aurait aimé le voir plus longtemps.
Il est entré, simplement vêtu d’un costume et d’une écharpe, avec l’allure d’un comptable.
Mais très vite, il s’est imposé dans un tourbillon rythmique, accompagné du chant et de la guitare, tour à tour, ou ensemble. La grâce toute virile de ses mouvements de l’épaule à la main contrastait brillamment avec les golpes frappés par les pieds avec une puissance presque martiale. Son expression de pur plaisir accentuait encore son charisme remarquable, non dépourvu d'une pointe de cabotinage...
Heureusement, personne, dans le public fasciné, n’a eu le mauvais goût de s’essayer aux palmas, ces claquements de mains virtuoses avec lesquels les chanteurs et guitariste accompagnaient Manolito.
Plusieurs rappels ont permis de voir les quatre compères dans des interprétations teintées d’humour et c’est à regret qu’il a fallu partir, avec l’envie d’aller découvrir en Andalousie toutes les facettes de cet art espagnol.
L’Amphi de l’Opéra de Lyon a, une fois encore, fait le bon choix dans l’éclectisme et le festival monté par « Flamenco y más » mérite d’être reconduit au fil des ans.