Hier, comme je tendais 60 € pour payer 56 € d’emplettes, une vendeuse interloquée m’a demandé de payer par carte. J'ai demandé si elle manquait de fonds de caisse, ce qui a dû l’achever car elle est allée chercher la patronne pour m'expliquer doctement que la jeune fille « n’a pas l’habitude de voir autant d’argent» et que « par carte, c’est plus facile » (?)
N’ayant aucune envie de me coltiner code et facturette, j’ai persisté et obtenu qu’on me rendît la monnaie.
Depuis quand le fric rime-t-il avec panique ? J’en vois de plus en plus, de ces gens énervants qui ont pour principe de n’avoir jamais de liquide.
Ils n’achètent pas leurs légumes au marché, ni ne prennent leur pain chez le boulanger. Ils ne s’offrent pas un café et ne jouent pas à pile ou face. Ils ne font pas l’aumône, ne donnent rien aux saltimbanques et n’ont pas une pièce pour la tirelire d’un gamin.
Bref, c’est risquer d’avoir le coeur bien sec que de n’avoir pas de liquide.
Voilà au moins quelque chose qui ne m’arrivera pas : j’aime trop les ronds sonnants et trébuchants, l’oseille, le quibus, le pognon, le flouze, le pèze, les biftons, la fraîche, la monnaie, la braise, le fric, la thune, la galette, le blé, la maille, les pépètes, la mitraille, le grisbi, les picaillons...