La langue française compte un sacré paquet de mots : les grands, les gros, les volés ailleurs et les petits nouveaux.
Les précieux de Gautier et les argotiques d'Audiard sont autant de bijoux qui rehaussent notre discours.
Il y a un mot pour tout si l'on connaît foncet, ardillon, nacarat ou ribloner. Bien sûr, une vie ne suffirait pas à les apprendre tous mais alors, pourquoi dévoyer un mot existant pour lui donner un autre sens ?
Par exemple, nous avons l'adjectif chafouin dont la constitution même est très évocatrice et que le Centre national de ressources textuelles et lexicales explique ainsi :
- Subst., vx. Personne petite, fluette et à la mine sournoise, comme une fouine.
- Adj. [En parlant surtout du visage, de la physionomie] Sournois, rusé. Un visage, un air chafouin ; une figure, une mine chafouine.
Bref, "chafouin" évoque clairement ceci :
Or, ces derniers temps, j'entends la déformation "chafouiné" qui, d'après ce que j'ai pu comprendre, signifierait "grognon" ou "mal réveillé", comme ceci :
D'où sort cette dérive ? Peut-être un mélange d'esprit chagrin et mine chiffonnée.
A ce train-là, il faudra bientôt commander "un quart de lait" pour avoir un café.