Au départ, j’avais un 110. On avait beau me dire que c’était bien, plus que la moyenne, j’avais quand même l’impression de rater quelque chose. J’étais sûre qu’avec plus, j’y gagnerais, alors je l'ai fait.
Ce n’était pas pour frimer, juste pour me sentir mieux. Et puis, je me suis dit que j'aurais dû demander plus.
En consultation, le professeur A. m’a expliqué que les lois anti-eugéniques empêchaient une augmentation supérieure à 25 et que de toute manière 135, c’était déjà généreux.
Il avait raison ! Après l’intervention, il a fallu que je m’habitue. D’un seul coup, les conversations n’étaient plus les mêmes et tout avait une autre dimension.
J’ai commencé à rencontrer des gens différents, découvrir des nouvelles choses. A mesure que mes goûts s’affinaient, je dépensais de plus en plus et j’ai pris un nouveau travail, plus compliqué mais qui payait mieux. J’ai même pu m’offrir une vraie bibliothèque.
Lors d'une conférence j’ai rencontré Franck, un séduisant neurochirurgien terriblement brillant. Soudain, mon 135 m’a paru étriqué et je voulais vraiment lui donner plus.
Le professeur A. n’a rien voulu savoir alors je suis allée dans une clinique en Roumanie, pour un ajustement Mensa.
Je ne sais pas ce qui s’est passé mais je me suis retrouvée avec un 200+. Depuis, je vis l’enfer. J'ai dû lâcher mon travail parce que m'y ennuyais trop ; je n'ai plus aucune candeur et je sais d'avance de quoi sera faite une conversation. Même Franck n'est plus à la hauteur de ce que je voudrais.
Cette solitude est un cercueil de verre.
En arpentant la Toile, j’ai découvert une communauté d’Excessifs, des parias comme moi, quelque part en Norvège. Je vais devoir y aller pour ne pas devenir folle, même si je sais que l’Excès endommage les capacités émotionnelles alors que mon intervention ratée m’en a déjà enlevé beaucoup. J’ai peur de ce que je vais trouver, mais je n'ai plus le choix.
Je n’aurais jamais dû faire augmenter mon Q.I.
Je regrette.