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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Zéropoursance

Publié le 14 Juin 2015 par Baronne Samedi in Langage, Humeur

Ces dernières années ont vu l'émergence de deux agaçantes affectations de publicitaire.

La première est la mise au  ban de la préposition sans, la seconde est la féminisation démagogique des termes.

Autrefois, après les privations de la guerre, la réclame commença de  vanter,  à un rythme modéré, les charmes d'aliments plus nourrissants, plus crémeux, plus sucrés, plus moelleux... Meilleurs, quoi.  On savait qu'il fallait en manger raisonnablement mais au moins, en manger était clairement un plaisir.

Puis, pour s'assurer plus de ventes, le joyeux conglomérat agro-alimentaire a décidé de nous engraisser comme des cochons en nous harcelant de publicités destinées à nous convaincre qu'il était vital de se goinfrer du matin au soir de sucre et de graisse, jusqu'à faire croire que c'était un dû.

Parallèlement, le joyeux conglomérat de la mode et des cosmétiques, martèle combien il est nécessaire de ressembler à une rame à haricots pour avoir le droit d'exister en tant socialement  et sexuellement.

Aucun des conglomérats ne voulant perdre d'argent, ils ont mis au point une stratégie ahurissante que n'auraient pas renié les Shadocks :  il faut se gaver de surplus appauvris.

Le mot sans étant l'archétype de la privation, comment inciter à l'achat ?  La réponse est simple : il faut se donner l'air scientifique à grand renfort de pourcentage pour promettre de l'ajout... de rien.  On ne parle plus de produits sans sucre mais de produits avec 0 % de sucre.

Abracadabra ! Peu à peu, le gogo se laisse conditionner à ingurgiter, dans tous les sens du terme, n'importe quoi. Il y en eut même pour acheter de l'eau garantie contenir "0 % de calories" ... jusqu'à ce que la DGCCRF mette fin à cette idiotie.

 

Zéropoursance

Pour couronner le tout, l'influence du langage sur le comportement étant démontrée, les deux conglomérats attaquent les nouvelles générations de filles en féminisant les termes désignant ce qui est censé leur être propre.

Ainsi, on ne vante plus le brillant des cheveux ou du carrelage bien astiqué mais leur brillance. De même, comme les vrais biscuits ont un croustillant de bon aloi, on vante  aux apprenties-boulimanorexiques la croustillance de pathétiques barres aux céréales.

Alors par pitié, restez vigilantes : cultivez votre cerveau sans bêtise et avec mordant.