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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

La Querelle du Cid - Corneille/Emilie Guiguen/Théâtre de l'Iris

Publié le 1 Décembre 2024 par Baronne Samedi in Théâtre, Théâtre de l'Iris, Villeurbanne

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

Dans Le Cid, Pierre Corneille relate, en superbes alexandrins, l'humiliation d'un vieux guerrier, avec les tourments de Chimène et Rodrigue, deux amoureux héritiers du conflit opposant leurs pères, portant le poids d’une haine qu’ils n’éprouvent pas et d'un devoir de vengeance qui menace leurs rêves. 

La Querelle du Cid, mise en scène par Emilie Guiguen, n'est pas la fameuse querelle qui mit le monde littéraire en émoi à la création du Cid en 1637 mais plutôt la querelle des sentiments qui agitent Rodrigue et Chimène.

En introduction, Guiguen explique avoir travaillé sur le texte avec les classes de quatrième de trois collèges villeurbannais, sans dire davantage sur ce qui en a découlé.

J'avoue avoir été un peu perplexe quant à l'intérêt de la chose mais la suite m'a convaincue.

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

La pièce est élaguée avec pertinence, pour mettre en valeur les plus célèbres tirades comme "Ô rage, Ô désespoir..." ou "Nous partîmes cinq cents et par un prompt renfort...", très bien données par les trois interprètes, dans le plus pur style académique.

Rien ne nuit à la compréhension de l'intrigue, par un procédé simple et efficace : des masques de vieillards pour les rôles de don Diègue et le comte de Gormas,  une adresse au public résumant une situation en mode slam, les scènes de duel et de bataille commentées à la façon combat de ring...

Si les dialogues sont respectés dans le texte classique, des échappées de parler de rue ou des disputes cabotines en manière de sketch donnent des moments drôlatiques sans s'attarder ni rompre le récit.

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

Le décor minimaliste est  néanmoins parlant : des projections latérales donnent du contexte et une tribune donnant de la hauteur sert aussi d'écran pour des phrases annonçant les actes et les personnages.

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

Les costumes tout aussi simples sont suffisants. Le noir met en valeur les visages tout en évoquant le deuil ; le cuir évoque cuirasse et contrainte ;  un voile de mousseline sur le pantalon de la comédienne l'habille en Chimène. 

 

La Querelle du Cid - Corneille/Emilie Guiguen/Théâtre de l'Iris

Le travail des collégiens est rendu par la bande son, lors des transitions : on peut entendre leurs réactions aux dilemmes cornéliens, leur scepticisme quant à l'attitude des personnages et la façon dont ils s'imagineraient dans une telle situation.

C'est honnête et judicieux, et la brièveté des interventions évite la complaisance.

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

Guiguen a glissé quelques bandes musicales, dont un étonnant "You're the one that I want" façon crooner, toujours en transition, sans empiéter sur le texte comme le font  trop de metteurs en scène aujourd'hui.

En résumé, j'ai été très séduite par le spectacle qui a su rendre la quintessence de la pièce en lui ajoutant une modernité qui la rend accessible même à qui n'est pas épris, comme moi, de textes classiques et d'alexandrins.

Photo (c) Emile Zeizig

Photo (c) Emile Zeizig

La Querelle du Cid, d'après Pierre Corneille - Création 2020

Mise en scène Émilie Guiguen Avec Mathilde Dumoulin, Étienne Leplongeon, Hisham Pardo Création lumière Élisabeth Clément Création visuelle & son Benjamin Wolff
Voix hors champ Philippe Clément, Magdalena Klukowska, collégien Silhouette Guillaume Gladieux - Durée : 1h15 - A partir de 13 ans

Le Théâtre de l’Iris est un rare exemple de lieu aux activités multiples : programmation, création et diffusion de spectacles, soutien aux compagnies régionales émergentes ou reconnues, formation en art dramatique, actions sociales et scolaires.

Créé sur l’idée de la troupe permanente, il a aujourd’hui à son actif près de 60 créations, alliant répertoire classique et textes contemporains, adaptations littéraires et spectacles nés de l’improvisation. Une part importante de sa création s’oriente vers un théâtre de recherche en lien avec la musique, le chant, la danse, etc.).

Cette représentation hors les murs était donnée dans la belle salle Balise 46 de la MJC de Villeurbanne dont les confortables fauteuils rouges disposés en gradins offrent une excellent vue sur l'espace scénique.

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