Le musée des Beaux-Arts de Dijon est l'un des plus importants et l'un des plus anciens musées de France. Situé au cœur de la ville, il occupe l'ancien palais ducal, siège au 15e siècle de l’État bourguignon.
Lorsque le duché est rattaché au royaume de France, le palais devient le logis du roi, puis se transforme au 17e siècle en palais des États de Bourgogne, sur un projet de Jules Hardouin-Mansart.
Dans la cour se dresse la statue de Claus Slutter, sculpteur des Ducs de Bourgogne et auteur du fameux Puits de Moïse qui est loin du centre et que je visiterai plus tard.
Depuis 2019, le musée entièrement rénové présente 1 500 œuvres réparties dans 50 salles, de l'antiquité à l'époque contemporaine.
En quatre heures, j'ai photographié une sélection toute personnelle qui ne reflète en rien le foisonnement des collections.
On commence par la Salle du chapitre qui est surtout dédiée à des écrans d'information, avec quelques oeuvres.
Le fragment en bas est une toison d'or entourée de la devise de Philippe le Bon "Aultre naray" ("Je n'en aurai pas d'autre").
L’origine de cette devise est mystérieuse. Elle pourrait faire allusion au caractère exclusif de l’Ordre de la Toison d’Or qu’il a créé en 1430 ou bien constituer une promesse de fidélité conjugale à sa nouvelle épouse, Isabelle de Portugal
Ce beau retable du 16e siècle est en argent partiellement doré et cuivre doré sur panneau de bois.
L'inscription renvoie aux deux scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui se font echo dans les médaillons: "La manne en dragee: qui fut partagee: des hebreux jadis: est en chair changée et de nous mangée donnant paradis ».
Ouvert au public à la fin du18e siècle avec une vocation encyclopédique, le musée possède un fonds antique, particulièrement riche pour l'Égypte ancienne. En outre, la collection antique comporte des objets gaulois, étrusques, gallo-romains, romains mais aussi grecs, chypriotes et moyen-orientaux : céramiques, monnaies, statuettes, poteries, verrerie…
A ma grande déception, très peu de choses sont mises en exposition mais, au moins, il y a des choses nouvelles pour moi, comme par exemple cette "Bouteille du nouvel an". Bleutée, elle rappelle la couleur du Nil et de la déesse Hathor "dame de la turquoise".
Elle est gravée d'un collier ousekh et porte l'inscription "Un début de bonne année à son seigneur".
En Égypte ancienne, ces gourdes étaient remplies avec l’eau du Nil lors des cérémonies liées au Nouvel An, célébré autour du 19 juillet, au moment où la crue bienfaitrice se répandait dans la vallée.
Le musée possède une vaste collection d'art du Moyen Âge : aux œuvres commandées par les ducs de Bourgogne à Dijon, s'ajoute un ensemble de peintures, sculptures et objets d'art qui illustrent le raffinement et la dévotion de l'Europe médiévale.
La collection est riche de peintures italiennes, flamandes et d'un ensemble de peintures suisses et allemandes unique en France. La Bourgogne, la Flandre, l'Allemagne et l'Italie sont aussi représentées dans le domaine de la sculpture.
Les objets d'art, essentiellement religieux, évoquent les trésors des églises comme les dévotions des particuliers.
Volets de retable - La Vierge et sa cousine Elisabeth/L'ange de la Visitation - Rhin supérieur, 15e s.
Saint-Jean endormi - Bâle, attribué à Martin Hoffmann, vers 1515 (probablement une partie d'une composition du Christ au Mont des Oliviers)
J'ai été surprise de voir un homme mal rasé dans un portrait académique... Je suppose que c'est pour évoquer la rigueur des batailles...
Il y a dans cette salle deux retables flamands spectaculaires. La finesse des détails est hypnotisante, autant que le chatoiement des dorures.
J'aurais aimé voir tous les détails mais les cordons de protection ne le permettent pas, sans oublier les gardiens qui surveillent de très, très près. J'ai d'ailleurs été tancée par l'un deux qui m'a affirmé que j'aurais "pu frôler" une oeuvre située dans mon dos, pendant la prise de vue...
Melchior Broederlam fut le peintre attitré de Philippe le Hardi. Les volets peint du Retable de la Crucifixion sont ses seuls oeuvres conservées.
Encore marqué par l'art gothique international, le peintre témoigne de sa connaissance de la peinture italienne, perceptible dans le fond or et les rochers de tradition byzantine. II doit aussi beaucoup à l'art des enlumineurs parisiens, pour l'élégance des gestes et des drapés.
Le fond or relevé de motifs poinçonnés, les couleurs éclatantes parmi lesquelles se détache le pigment le plus cher, le bleu outremer, font des peintures de Melchior Broederlam un travail raffinéet précieux.
Les volets ouverts sur les sculptures de Jacques de Baerze, presqu’entièrement dorées, offrent une vision encore plus riche. Les rehauts de polychromie sont très soignés : visages peints au naturel et riches brocarts.
Volet gauche (extérieur)
L'Annonciation : l'ange, agenouillé devant la Vierge, tient un phylactère portant la salutation évangélique. L'artiste multiplie les symboles de la virginité de Marie (le jardin clos, le lys, les rayons passant a travers la fenêtre sans briser la vitre), de la Trinité (la triple baie, le lustre a trois lumières), du passage de l'Ancienne à la Nouvelle Loi (les statuettes de prophètes sur le portique, la tour d'allure orientale opposée à la loggia gothique).
La Visitation : la rencontre de la Vierge et de sa cousine Elisabeth, qui est enceinte de Jean-Baptiste, a lieu en plein air.
Volet gauche (intérieur)
Saint Georges combattant le dragon, sainte Madeleine avec son pot de parfum, saint Jean l'évangéliste avec sa coupe empoisonnée, sainte Catherine avec sa roue, saint Christophe portant le Christ.
La Fuite en Egypte : la Vierge, assise sur l'âne, porte l'Enfant, tandis que Joseph marche à côté d'elle, son baluchon accroché à un bâton. Sur le passage de l'Enfant, les idoles d'Egypte tombent d'elles-mêmes.
Au centre
L'Adoration des Mages, la Crucifixion et la Mise au Tombeau.
Volet droit (intérieur)
Saint Antoine et son cochon, sainte Marguerite et son dragon, un saint roi avec une épée, sainte Barbe avec sa tour et peut-être saint Josse de Ponthieu.
Volet droit (extérieur)
La Présentation au Temple: le vieillard Siméon reçoit l'Enfant dans ses mains couvertes d'un voile. Derrière la Vierge, Joseph et une suivante portant un cierge et une offrande de deux tourterelles dans un panier.
Retable de la Crucifixion - Sculpté par Jacques de Baerze et peint par Melchior Broederlam, fin du 14e s.
Les peintures à l'extérieur des volets du Retable des Saints et Martyrs sont malheureusement perdues.
Il porte la marque de son illustre commanditaire car sur le bandeau inférieur, alternent les initiales et les armoiries de Philippe le Hardi (écartelé de France et de Bourgogne ancien) et de Marguerite de Flandre (parti de Bourgogne et de Flandre).
Volet gauche
Un saint abbé, une sainte martyre, saint Michel combattant un diable, sainte Apo/line portant sa dent avec une tenaille, saint Denis.
A la partie centrale, les scènes de la vie de saint Jean-Baptiste, de sainte Catherine et de saint Antoine font écho aux dévotions personnelles de Philippe le Hardi, notamment saint Antoine qui est le saint du jour de naissance du duc.
Au centre
La Décollation de saint Jean-Baptiste, le Martyre de sainte Catherine et la Tentation de saint Antoine.
Volet droit
Saint Augustin, avec le cœur enflammé de l'amour divin, sainte Marthe et la Tarasque, saint Vincent avec une grappe de raisins, une sainte martyre et un diacre.
Saint Luc écrivant l'évangile, pierre avec traces de polychromie - Attribué à Claus de Werve, 15e s.
Le goût des ducs de Bourgogne pour l'art et le faste se reflète jusque dans leur mort, comme en témoignent la Salle des tombeaux des Ducs de Bourgogne dont l'historique détaillé se trouve en cliquant ici
Ils se trouvaient à l'origine à la chartreuse de Champmol, nécropole ducale, détruite sous la Révolution.
L'iconographie du gisant et du cortège de pleurants reprend une tradition en usage depuis le milieu du 13e siècle.
L'innovation concerne la monumentalité du tombeau, qui place la représentation du prince presque hors d'atteinte du regard, ainsi que l'espace donné aux pleurants qui semblent glisser dans les arcades d'un cloître. Tous expriment leur douleur par leur expression, un geste vers un voisin ou par l'éloquence de leurs drapés
Tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière, albâtre - Jean de la Huerta, Antoine le Moiturier, 15e s.
L'impression est saisissante mais il est très frustrant de ne voir que les côtés. Heureusement, une gardienne m'explique qu'on peut avoir une vue d'ensemble en prenant l'escalier montant la tribune.
Après son couronnement, le roi de France Henri II visite les provinces du royaume et s'arrête a Dijon en 1548. C'est probablement à l'occasion des festivités preparées pour sa venue qu'a été élevee le tribune destinée aux musiciens et aux troubadours.
L'ouvrage décoré de boiseries sculptées mesure plus de 9 metres de long. II repose sur une architrave soutenue par quatre hautes colonnes et quatre pilastres d'ordre ionique.
Le garde-corps est composé de neuf panneaux sur lesquels sont sculptés les insignes royaux (couronne, fleurs de lys) et des croissants entrelacés (la lettre C, chiffre de la reine Catherine de Medicis) séparément ou avec la lettre H, chiffre de Henri II, le tout rehaussé d'or.
De là, on a une vue sur la salle, sans voir pour autant, malheureusememnt, le détail des gisants.
Buste de Charles Garnier (version en plâtre du bronze sur la façade de l'opéra Garnier) - Jean-Baptiste Carpeaux, vers 1870
Le génie de la danse - Réduction en bronze d'après le haut-relief de l'opéra Garnier - Jean-Baptiste Carpeaux, 1869
Le tableau de Félix Trutat est surprenant : il fait penser à l'Olympia de Manet mais il est largement antérieur.
Je ne connaissais pas ce peintre pourtant sensible, comme le montre les portraits suivants. Il s'avère qu'il est mort à 24 ans de la tuberculose, ce qui souligne le talent dont il a fait preuve très tôt.
L'enfant aux cerises - 1904 (le cartel au pied de l'oeuvre n'indiquait pas l'auteur et ma recherche en ligne n'a pas abouti)
L'oeuvre suivante m'a interpellée car cette "Japonaise" au bain, n'a pas l'air japonais.
Selon le cartel, il s'avère que James Tissot, grand amateur d'art japonais, s'est fondé sur ses références en la matière mais en faisant poser une modèle française, puisqu'il n'avait jamais voyagé au Japon.
Le lit des heures - Jean-Auguste Dampt, 1896 (la frise des heures de la nuit qui a donné son nom à l'oeuvre a disparu)
Une salle est consacrée à François Pompon, avec de nombreux animaux.
C'est un régal et seuls les reflets des vitrines m'ont empêchée de tout photographier.
On passe ensuite dans la partie moderne de l'expo, à l'exception d'une sorte de cabinet de curiosités qui ne m'a intéressée que pour cette très jolie vache en porcelaine, placée en face d'une autre bien plus grande...
Assia - Charles Despiau, 1937 (la modèle Assia Granatouroff a posé pour Maillol, Belmondo, Derain...)
Tout près du musée des Beaux-arts se trouve le Musée Rude. Je m'attendais à une belle collection des oeuvres du sculpteur mais j'ai été bien déçue : ce ne sont que des moulages, disposés dans le transept et le chœur de l'ancienne église Saint-Étienne.
La visite a été rapide. Les dates des oeuvres sont celles de leur création originale.
Le Départ des volontaires de 1792, aussi intitulé La Marseillaise ou le Chant du départ. L'original de 1836 est sur l'arc de triomphe de l'Etoile à Paris.
C'était la visite du plus grand site et j'ai mérité un bon repos, de retour à l'hôtel, avant de continuer ma découverte de Dijon, dès demain.