Amiens - En barque dans les hortillonnages

À quelques centaines de mètres de la cathédrale gothique, les hortillonnages d'Amiens sont plusieurs centaines de jardins flottants, dans un dédale de 65 km de canaux, au cœur de la cité.

À l'époque gallo-gomaine, Amiens s'appelle encore Samarobriva, et ce qui deviendra plus tard les hortillonnages n'est encore qu'un ensemble de marais et d'îlots. On y cultivait néanmoins déjà des légumes dès 1492.

La légende veut même que la célèbre cathédrale d’Amiens ait été construite en 1220 sur… un champ d’artichauts, qui aurait été cédé pour l'occasion par un couple d'hortillons, nom donnés à ceux qui cultivent les parcelles.

Au 15e siècle, le site couvrait plus de 1500 hectares. En 1900, il était déjà réduit à 500 hectares. Avec le développement des banlieues, les hortillonnages occupent à présent une superficie d'environ 300 hectares,  soit un espace de six kilomètres sur trois.

Les hortillons ont conçu une embarcation spécifique, la barque à cornet, dont l'extrémité relevée et allongée est étudiée pour pouvoir accoster sur les parcelles sans détériorer les berges.

Sa taille allant jusqu'à 10 mètres  permettait de charger jusqu'à une tonne de produits.

Au 20e siècle, l'apparition des transports frigorifiques et les importations portèrent un coup important à l'activité maraîchère.

Beaucoup d'hortillons abandonnèrent l'activité, et une grande quantité d'aires furent transformées en jardins d'agréments ou laissés à l'abandon.

Face à la menace de disparition, l'association pour la protection et la sauvegarde du site et de l'environnement des hortillonnages fut créée pour empêcher un projet de rocade.

Depuis, elle se consacre à l'accueil des visiteurs du site, en proposant des balades en barques à cornet électriques au fil des canaux.

Le pilote de la barque commente la promenade d'environ une heure en donnant informations écologiques et historiques, entrecoupées de petites plaisanteries.  Grâce au moteur électrique, on glisse à 4 km sur les eaux calmes.

Quelques hortillons ont compris l'intérêt de la production saine et écologique, ayant eux-mêmes, dans le passé, fait les frais des engrais et pesticides chimiques.  C'est ainsi qu'a recommencé la production, dans les hortillonnages, des fruits et légumes de manière simple, équitable et naturelle. On les trouve le samedi sur le marché du quai Bélu, dans le quartier Saint-Leu.

Le calme et la douceur sont impressionnants : on se croirait véritablement à la campagne alors que nous sommes près de grands axes longeant le centre ville.