J'ai profité de mon séjour à Albi pour concrétiser une envie : voler en montgolfière.
Pour bénéficier des meilleures conditions atmosphériques, il faut arriver très tôt sur le site d'envol.
Et quand je dis tôt, c'est vraiment tôt !
La société Atmosph'air a gentiment détaché quelqu'un pour me prendre à l'hôtel et m'emmener à l'aérodrome d'Albi d'où se fera le décollage.
La montgolfière arrive pliée sur une remorque, avec la nacelle. Trois employées s'occupent de les décharger tandis que le jour se lève.
Nous apportons notre contribution en tenant la base du ballon ouverte pour que les ventilateurs commencent à le gonfler à l'air froid pour lui donner un arrondi.
Ensuite, de l'air chaud est insufflé à l'aide des brûleurs alimentés au gaz et le ballon se redresse.
La nacelle est en osier, matériau souple et solide, qui assure la sécurité des passagers car elle absorbe les chocs à l’atterrissage.
La nacelle me paraît très petite, considérant que nous sommes cinq : quatre passagers et la pilote.
Certes, il faut donner à l'inscription son poids, mais comme le gras est plus léger que le muscle, l'imposante circonférence de deux passagères joue un rôle majeur dans l'encombrement...
De plus, deux angles sont occupés par les bonbonnes de gaz qui alimentent les brûleurs.
Bref, un fois à bord, on est tenu à sa place.
J'imaginais une petite porte pour entrer dans la nacelle dont le bord est haut mais en fait, c'est plus acrobatique que ça.
Il y a sur le côté une petite ouverture pour prendre appui avec un pied et enjamber le bord comme on enfourche un cheval, en levant haut la jambe, puis en se laissant glisser à l'intérieur (j'ai apprécié ma souplesse entretenue au Pilates, d'autant que je ne suis pas grande).
Pour les personnes moins agiles, un peu de solidarité en tirant et poussant et hop ! tout le monde est à bord.
Au temps pour l'imagerie que j'avais en tête : il n'y a pas de sacs de lest car on n'est pas dans un ballon clos gonflé au gaz. C'est la variation de la température de l'air dans le ballon qui fait varier l'altitude. Quand l'air refroidit, le ballon descend ; quand il est réchauffé, le ballon monte.
Je dois dire qu'il m'a fallu un moment pour ne plus me recroqueviller au déclenchement des brûleurs car c'est très bruyant et on sent la chaleur du souffle.
Le ballon n'est pas dirigeable : il suit le sens du vent. Tout l'art de la pilote est de régler l'altitude pour bénéficier des meilleurs courants.
Le lever du soleil est magnifique et je suis heureuse que le vol ait lieu : on ne sait que la veille au soir si les conditions météorologiques le rendent possible car il faut un temps sec et un vent modéré.
Ce qui est très désarçonnant, c'est qu'on a l'impression d'être immobile. Si le paysage ne changeait pas peu à peu, on aurait le sentiment d'être à l'arrêt.
Pourtant, ce vol est 13 km/h en moyenne.
Le sens du vent n'a pas permis de connaître Albi vue du ciel, en particulier la cathédrale, mais les couleurs de la campagne.
La pilote garde l'oeil sur l'altimètre et reste en lien permanent par talkie-walkie avec la conductrice de la voiture-remorque qui nous suit.
Pour permettre à tous de voir dans toutes les directions, elle actionne périodiquement un vantail de rotation dans l'enveloppe du ballon.
La température est presque identique à celle au sol et il n’y a pas de courant d’air. Je suis toute de même heureuse d'être d'un petit format qui garde ma tête loin de la chaleur des brûleurs.
Notre altitude varie de 50 à 700 m mais je ne vois pas la différence, sauf que mes oreilles se bouchent lors du changement de pression.
Un passager doté d'un oeil d'aigle me désigne de minuscules points mouvants qui s'avèrent être des chevaux.
Il m'explique que ce que je crois être des vignes sont des champs de tournesol et comme il est éleveur de vaches laitières, j'apprends beaucoup de choses sur son métier.
Au bout d'une heure, nous amorçons la descente et ça me va car c'est somme toute assez monotone.
Ce sont les vents qui décident du périmètre d'atterrissage.
La pilote doit choisir ensuite un terrain propice et proche d'une voie d'accès pour que la voiture-remorque puisse nous rejoindre.
La précision est impressionnante : la pilote survole un champ en rase-motte jusqu'à trouver le bon endroit.
La pilote nous avait expliqué comment se préparer au choc de l'atterissage, en se tournant dans le sens contraire à l'avancée, en fléchissant les genoux et en se tenant solidement aux poignées bordant les côtés de la nacelle, pour le cas où elle se renverserait.
Mais les mesures s'avèrent inutiles car nous nous posons comme une plume, bien à la verticale.
Après quelques contorsions, nous sortons tous de la nacelle et participons au dégonflage et pliage du ballon, avant de charger le tout sur la remorque.
Après cela, pour nous requinquer, on nous offre du pain d'épices artisanal, du gaillac pétillant et du jus de pomme, avant de nous ramener.
Le tout aura pris environ trois heures donc, de retour à l'hôtel, je n'ai qu'à me changer avant de reprendre le cours de ma visite d'Albi.