Pour la seconde fois, grâce à des amis, j'ai pu passer une délicieuse journée à l'abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache dans le cadre du festival de musique baroque.
Fondée en 945, l'abbaye bénédictine, parfaitement préservée, abrite les grandes orgues de Boizard de 1714 et, dans le cloître, des peintures murales d'inspiration italienne, datant du 16e siècle et évoquant la vie de Saint Benoît.
L'orgue Boizard est un des rares instruments du 18e siècle parvenu presque à l'identique jusqu'à ce jour, ayant été préservé par un exceptionnel concours de circonstances.
Il est typique du temps de Louis XIV, permettant l'exécution authentique des œuvres des maîtres français de l'époque.
Et justement, en première partie, nous avons pu l'entendre, dans les Trois leçons de ténèbres de François Couperin.
Au terme du règne de Louis XIV, le chef-d’oeuvre de Couperin fut commandé par les Dames religieuses de l’abbaye de Longchamp, pour l’Office des Ténèbres de la Semaine Sainte.
L'oeuvre est exactement contemporaine de l’orgue de l’abbaye de Saint-Michel en Thiérache (1714) ajoutant à la beauté de la partition l'émotion d'une restitution instrumentale historique.
J'ai été particulièrement par la douceur du son de l'orgue : je ne sais pas si ça venait de la délicatesse du toucher, du nombre de tuyaux mis en oeuvre ou de la nature même de l'instrument, mais ce n'était pas tonitruant comme de grandes orgues que j'avais entendu.
Les interprètes étant devant l'orgue, les voix et la viole étaient aussi bien servies par l'excellente acoustique du lieu.
Première Leçon de Ténèbres pour le Mercredi Saint
>Intermède à la viole de gambe : Prélude en ré - Sieur De Machy
Seconde Leçon de Ténèbres pour le Mercredi Saint
>Intermède à la viole de gambe : Chaconne en ré - Jean de Sainte Colombe
Troisième Leçon de Ténèbres pour le Mercredi Saint. A deux voix
Les Arts Florissants avec William Christie, orgue Boizard et direction ; Rachel Redmond, soprano ; Deborah Cachet, soprano et Myriam Rignol, viole de gambe
A la fin de cette première partie, une buvette est disponible le long du cloître et tout le monde se répartit aux tables pour pique-niquer gaiement.
C'est aussi l'occasion d'une rencontre avec des artistes évoquant les oeuvres jouées.
L'après-midi s'est ouverte sur le joyeux Celestial music did the gods de Henry Purcell, suivi de son opéra dédié au destin tragique de Didon, reine de Carthage éprise du prince troyen Enée.
L'oeuvre couvre le registre de la souffrance, avec l'abandon de Didon et celui de la magie comique avec les intrigues des esprit, sorcières et sorcier
Les parties chantées étaient merveilleuses et les interprètes n'ayant pas de partitions, ont pu donner toute latitude aux expressions des visages et des corps.
La qualité tant vocale que musicale des Arts Florissants ne s'est pas démentie et c'est un tonnerre d'applaudissements qui a clôturé cette belle journée.
Les Arts Florissants avec William Christie, clavecin et direction
Didon Helen Charlton soprano - Enée/le Sorcier Renato Dolcini basse
Belinda Ana Vieira Leite soprano - Première sorcière Maud Gnidzaz soprano
Seconde sorcière Virginie Thomas soprano - Le marin Jacob Lawrence ténor -
L'esprit Michael Loughlin Smith ténor
Bastien Rimondi ténor, Padraic Rowan basse, Daniel Brant ténor, Christophe Gautier basse, Emmanuel Resche-Caserta premier violon, Augusta McKay Lodge violon,
Christophe Robert alto, Felix Knecht violoncelle, Hugo Abraham contrebasse, Sébastien Marq flûte à bec, Pier Luigi Fabretti hautbois et flûte à bec
Mise en espace Sophie Daneman, Assistant musical Emmanuel Resche-Caserta