New York - "Chicago" - Fosse/Ebb/Kander - Ambassador Theatre

Après l'avoir vue plusieurs fois à l'écran, j'ai été ravie de voir enfin "Chicago" sur scène.

Créée au 46th Street Theatre de Broadway en 1975, il s'agit de la troisième adaptation de la pièce de théâtre de Maurine Dallas Watkins, datant de 1926, elle-même inspirée d'un fait divers survenu en 1924 à Chicago.

L'Ambassador Theatre est un monument, construit en 1921, avec une capacité de 1125 places.

Bien qu'achetées en dernière minute, les places en mezzanine donnaient une bonne vue sur la scène, y compris l'excellent orchestre qui constitue le décor.

La mise en scène fait la part belle aux interprètes, se limitant à quelques accessoires au gré de l'action : chaises, rideau pailleté, échelle...

La troupe est époustouflante, que ce soit pour le chant ou pour la danse, alors que le rythme est endiablé au possible.

Brisant allègrement le quatrième mur, les comédiennes et comédiennes entraînent le public dans d'irrésistibles vagues de rires et d'applaudissements.

L'histoire est celle de Roxie Hart, une choriste, qui aurait voulu être une vedette mais a dû se contenter d'épouser un brave homme, Amos, faute de pouvoir faire carrière. Elle le trompe allègrment, et lorsque son amant veut la quitter, elle l'abat dans un accès de rage.

Loin de mettre fin à son rêve, la prison finit par être son billet pour la gloire, lorsqu'elle y rencontre Velma Kelly... 

Son avocat, Billy Flynn, l'aide à concocter une défense qui lui vaut la sympathie de la presse et qui fait la couverture de tous les journaux de Chicago.

Max von Essen endosse à merveille le rôle du beau parleur, excellant dans les répliques et cabotinant avec beaucoup de drôlerie dans les parties vocales.

Pour ce soir, Velma qui aurait dû être jouée par Kimberley Marable était remplacée par Christine Cornish qui, si elle a fait une belle prestation,  n'a pas fait d'ombre Charlotte d'Amboise, dans le rôle de Roxie.

Actrice consommée, elle a endossé Roxie comme une seconde peau, dans toutes les nuances que réclame le rôle, du cocasse au pathétique.

Après recherche, il s'avère qu'elle a fait ses débuts dans ce rôle en 1997, lors de la première tournée nationale de Chicago. Pour cette performance, elle a remporté le Los Angeles Drama Critics Circle Award, le Los Angeles Ovation Award et le Bay Area Theatre Circle Award.

Depuis, elle a joué Roxie Hart plus de 1 250 fois, à Broadway et plus de 750 fois en tournées nationales, soit plus que toute autre actrice dans l'histoire de la série.

C'était fabuleux d'assister en direct au Cell block tango, une des meilleures compositions de Kander et Ebb, avec une mise en place au cordeau.

James T. Lane nous a offert un Amos à la fois drôle et pathétique, à la façon du vaudeville pour l'interprétation de Mr Cellophane.

Un autre comédien extraordinaire a été R. Lowe en travesti pour le rôle de la journaliste Mary Sunshine.  J'ai cru d'abord voir une cantatrice, avec une puissance vocale époustouflante, avant d'avoir le choc de l'entendre insérer des basses, dans de saisissantes vocalises. Quand il finit par ôter sa perruque le doute n'est plus permis, et la performance est d'autant plus admirable.

Le spectacle de plus de deux heures est passé trop vite ; la réputation de Broadway n'est  décidément pas une légende et je repars avec dans la tête le refrain "He had it coming, he had it coming... all along..."