The Jewish Hour - Yuval Rozman

Après avoir déserté l’armée israélienne en 2004, l'auteur Yuval Roznan intègre le Conservatoire national d’art dramatique de Tel-Aviv et New York.

En 2010, il crée l’Ensemble Voltaire et monte son premier spectacle Cabaret Voltaire, avant d’arriver en France en 2012 où il est confronté à l’antisémitisme et à la responsabilité du conflit israélo-palestinien.

Sa pièce The Jewish hour, lauréate du Prix Impatience 2020, est le second volet d’une trilogie sur ce conflit que l’auteur appelle Trilogie de ma terre.

Spectateurs au théâtre comme dans la pièce, accueillis par une joyeuse musique juive, nous assistons à la première de l’émission « The Jewish hour » diffusée en direct d’une ville d’Israël à l’intention des francophones, malgré son titre anglais.

Gloussante et survoltée, aidée de son frère à la technique, l’animatrice Stéphanie alterne informations positives, messages promotionnels et appels aux dons.

Peu à peu, se dessine sa propagande en faveur de l’alya, c’est-à-dire le retour des Juifs en Israël, comme elle vient de faire le sien, avec son frère.

Son premier invité, un rabbin, se retrouve à lire des annonces publicitaires.

L'invité suivant est un athlète juif venu d’Ukraine dont les exploits physiques nous sont rediffusés sur le mode sonore uniquement, situation absurde qui donne à sourire.

Ce sera d’ailleurs la dernière fois que j'aurai souri car l’invité suivant est une caricature de Bernard Henri-Lévy, censé commenter son livre sur le judaïsme et prié de faire un bilan de l’antisémitisme en France. 

Alors que sont survolés des sujets d’intérêt comme l’antisionisme masque de l’antisémitisme, les apports de la culture juive à la France ou le conflit israëlo-palestinen, l’entrevue tourne au pugilat, prétexte à maints piaillements et gags visuels consternants qui m’ont fait périr d’ennui.

Le propos se perd, les longueurs s’étirent, et cette heure juive interminable se prolonge d’une invective ordurière à lire sur écran, une déclaration de détestation de l’auteur à Israël, suivie d’un trio musical dont les paroles restent mystérieuses faute de traduction.

Clairement, Yuval Rozman a des comptes à régler mais à une mauvaise comédie, il aurait dû préférer une approche documentaire parce que, ce soir, il m’a surtout révélé qu’il ne suffit pas d'être juif pour faire de l'humour juif.

Au temps pour mes préjugés.

The Jewish hour - Du 3 au 5 mai 2023 au Théâtre de la Croix-Rousse - Durée : 1 h 30 environ.

Texte et mise en scène Yuval Rozman
Avec Stéphanie Aflalo (l'animatrice), Romain Crivellari (le technicien) et Gaël Sall (les invités)
Son, musique Romain Crivellari
Scénographie, lumières Victor Roy

Production Latitudes Prod., Compagnie Inta Loulou.
Coproductions le Phénix scène nationale Valenciennes, pôle européen de création ; Maison de la Culture d’Amiens, Pôle européen de création et de production, Maison de la Culture de Bourges, scène nationale, Théâtre Garonne, scène conventionnée Toulouse.
Accueil en résidences  Théâtre de Nanterre Amandiers, centre dramatique national ; La Chambre d’Eau, Le Favril ; Théâtre de la Bastille, Paris résidence d’écriture La Chartreuse Centre national des écritures du spectacle à Villeneuve-lès-Avignon.

Réalisé avec l’aide du Ministère de la Culture, de la DRAC Hauts-de-France dans le cadre de la résidence à la Chambre d’Eau Le Favril et de l’Aide à la reprise, de la Spedidam.

Ce spectacle a bénéficié de l’aide à l’écriture et à la production de l’association Beaumarchais-SACD.

Avec le soutien de l’ONDA, Office national de diffusion artistique.