Ce que j'ai d'abord dégusté a été un cannolo, car c'est la première chose qui me soit venue à l'esprit quant aux spécialités siciliennes.
Il était à la ricotta de vache, et non de brebis qui est plus difficile à trouver, mais il était d'une succulente fraîcheur. Au moins, il n'était pas à la crème pâtissière, comme certains dégénérés.
Mon programme ne m'ayant pas laissé le loisir de sillonner les pâtisseries, j'ai échappé à la mort par comparaison.
Les sites archéologiques étant généralement en zone rurale et sous un soleil de plomb, j'ai pu apprécier deux spécialités vendues par de petites roulottes : les fruits pressés et la granita.
Pour les fruits, c'étaient des oranges et grenades fraîches. C'est le jus de ces dernières que j'ai toujours choisi car je savais ne pas en trouver en rentrant.
La granita est typiquement sicilienne. Elle est considérée comme la mère de toutes les glaces, du sorbet à la crème glacée. Il s’agit d’un liquide semi-congelé à base d’eau, de sucre, originellement de citron et jus de citron de Sicile, mais qui se décline aujourd'hui à l'orange, à la mandarine, à l'amande ou à la pistache, par exemple.
La préparation de la granita est unique, avec une consistance ai fiocchi ("aux flocons") qui donne un aspect de neige au produit fini, obtenu en respectant une phase précise de solidification du mélange d'eau et de sucre.
J'ai eu la chance d'en déguster une à la mandarine et une autre à la grenade, avec l'impression qu'il n'y avait que du fruit dans la composition tant c'était savoureux. Une autre fois, je me suis retrouvée avec de la glace pilée aromatisée qui n'avait d'orange que la couleur et que j'ai fini par jeter.
Là non plus, je n'ai eu le temps d'essayer toutes les variétés car la pistache et l'amande sont beaucoup moins répandues, en tout cas dans les roulottes.
Pour finir en beauté, je suis allée tout spécialement au cloître de l'église Sainte-Catherine de Palerme où pendant 700 ans, les soeurs préparaient des pâtisseries.
Jusqu’aux années 1980, les habitants de la ville pouvaient les acheter directement, grâce au tour installé dans le mur qui permettait les échanges des cloîtrées avec l‘extérieur.
En 2014, la dernière sœur quitta le couvent, marquant la fin d’une époque .
Maria Oliveri, passionnée d’histoire, d’art et d’anthropologie mena une recherche pour ne pas perdre les recettes et en 2018, le laboratoire de pâtisserie artisanale rouvrit pour perpétuer la tradition sous la marque "I segreti del Chiostro” (Les Secrets du Cloître).
Hélas, je n'ai pas eu le temps de m'installer dans le cloître pour déguster un assortiment avec un bon café comme certains veinards.
Comme je n'avais qu'une heure avant de sauter dans la navette pour l'aéroport, je me suis dépêchée de faire emballer deux pièces à emporter.
J'ai opté pour un erbanetto, avec une crème à la pistache, très bon, et un minne di vergine ("téton de vierge") qui m'a déçue car le glaçage de sucre, sur un intérieur d'amandes, est très épais.
Ces friandises ont été le dîner d'adieu à la Sicile que j'ai pris dans la salle d'embarquement...