Après le dernier musée, j'ai voulu voir une statue spéciale liée à une jolie tradition de la ville...
Donc j'ai entamé une promenade à sa recherche, en croisant d'autres statues et de jolies vues au passage.
J'arrive dans le jardin Pedro Luis Alonso au pied de l'Alcazaba. Il est ravissant mais le sera davantage cet été car je vois de nombreux rosiers dépouillés.
Décidément, j'ai choisi la bonne saison pour une température supportable mais bien trop tôt pour les floraisons...
La présence d'eau qui glougloute est très agréable, et je découvre que si les nénuphars du grand bassin ornemental n'ont pas encore fleuri, ils recèlent une surprise.
C'est un héritage des Arabes qui ont introduit le jasmin dans la péninsule ibérique à l’époque musulmane. D'ailleurs, utre son aspect décoratif, le jasmin
A Màlaga, les hommes offrent des biznagas aux femmes, comme elles peuvent le faire entre elles. La biznaga entre aussi traditionnellement dans la composition des bouquets des mariées.
La biznaga n'est pas un bouquet de jasmin mais une fabrication artisanale particulière.
La première étape est d’aller récolter avant l'été le nerdo, une sorte de chardon sauvage puis le garder pendant trois semaines à l’ombre, pour le durcir.
Les petites fleurs jaunes en surface de la tête du nerdo doivent être coupées pour permettre la suite de la fabrication donc les têtes sont trempées 12 heures dans l’eau pour faciliter la coupe.
L’opération de séchage se renouvelle trois jours à l’ombre.
Lorsque le squelette de la biznaga est prêt avec ses 60/70 petites piques, la récolte des fleurs de jasmin royal peut commencer, au petit matin, alors que les fleurs sont en bouton.
Ce sont habituellement les habitants des alentours qui permettent aux biznagueros et à leurs familles de cueillir dans leurs jardins autant de fleurs que nécessaire, pendant toute la saison de mi-juin à octobre.
Les fleurs sont conservées dans des paniers d’osier et maintenues sous un linge humide. De retour à la maison, la fabrication des bouquets peut commencer.
Les boutons sont insérés et fixés un par un sur les piques, en commençant par un côté, de façon à garnir la tête du nerdo en formant un dôme.
Jusqu’au soir, les biznagas sont vaporisées d’eau pour leur garder toute leur fraîcheur.
La suite est de préparer la penca, c’est-à-dire de piquer les biznagas sur une feuille de figuier de Barbarie, ce qui en fait un socle solide, facile à transporter ou à poser, les biznagas formant un énorme bouquet qui ne doivent pas s’abîmer en se heurtant les unes aux autres.
En début de soirée, les boutons de jasmin s’ouvrent et libèrent leur délicieux parfum.
En hommage au biznaguero, le sculpteur Jaime Fernández Pimentel l'a représenté en 1963, comme figure importante de la culture populaire.
Etant donné sa posture et la hauteur du socle, je n'ai pas pu faire mieux aussi j'emprunte un gros plan à l'office du tourisme :
Ce fut une journée bien chargée et le soir venant je pars en quête de mon dîner.
Au passage, je découvre une très ancienne chapellerie, coincée entre les restaurants à la mode :
Partout aux terrasses, pour tempérer la fraîcheur du soir, il y a ces "braseros" donc j'ai découvert en y regardant de plus près qu'en réalité le bois est factice et que l'alimentation est... au gaz !
A défaut de voir une véritable biznaga et pas séduite par celles en porcelaine, j'ai trouvé le pendentif qui ornera mon bracelet globe-trotter (celui qui est tellement kitsch qu'en fait je ne le porte jamais...).