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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Richard II - Shakespeare/Séverac-Schmitz - Collectif Eudaimonia

Publié le 18 Mars 2018 par Baronne Samedi in Théâtre, Lyon

Avec le collectif Eudaimonia, c'est de plein fouet qu'on prend Richard II.

Leur performance déchaînée révèle toute la puissance de Shakespeare qui, prenant des licences avec la réalité historique, a écrit une pièce forte sur les plans politique et poétique.

(c) L. Chourrau

(c) L. Chourrau

Encore enfant, Richard succède à Édouard III et ne prend vraiment le pouvoir qu'en 1389, à 22 ans, pour un règne de huit ans sans incident avec ses opposants, suivi de deux années qualifiées de tyranniques par les historiens. 

C’est néanmoins à cette période que l’anglais devient une langue littéraire et la poésie un art florissant, favorisant des talents comme celui de Chaucer qui sert le roi comme diplomate, tout en écrivant ses œuvres.

Destitué par son cousin Henry Bolingbroke qu'il avait spolié, Richard II mourra en captivité l’année suivante, probablement assassiné.

(c) G. Guartero

(c) G. Guartero

Richard II doit en grande partie sa mauvaise réputation à Shakespeare qui décrit les mauvais jugements du roi comme cause de la guerre des Deux-Roses.

Il n'est question que de rébellion, de complots, de trahison, de guerre et de cupidité. L'homme est un roi irresponsable, cruel et rancunier, qui n’accède à un semblant de splendeur qu’une fois destitué. 

Une des raisons pour lesquelles Guillaume Séverac-Schmitz a voulu monter cette oeuvre c'est précisément  "la question de la chute et du renouvellement de la vie qui se cache derrière la chute".

En haut et à gauce (c) G. Cuartero - A droite  (c) L. Chourrau
En haut et à gauce (c) G. Cuartero - A droite  (c) L. ChourrauEn haut et à gauce (c) G. Cuartero - A droite  (c) L. Chourrau

En haut et à gauce (c) G. Cuartero - A droite (c) L. Chourrau

Les dialogues nerveux et percutants sont le fruit d'une traduction faite à cette occasion par Clément Camar-Mercier, pour rendre les différents niveaux de langage, dont un argot bien senti, parfois esquivé dans les versions plus conventionnelles.

Cette adaptation sert bien les excellents sept comédien/nes qui se partagent la quinzaine de rôles : le naturel des répliques donne beaucoup de force aux scènes, accompagnées de bruitage d'illustrations sonores et de musique comme, entre autres, Rage against the machine, Monteverdi, Nick Cave ou Ramin Djawadi  (dommage que les premières mesures soient tonitruantes à vous tuer les tympans)

Noir d'intentions et rouge de sang, le décor changé à vue par les comédiens, apparaît dans la brume et se déploie accompagné d'eau, qu'elle soit pluie, miroir ou symbole d'opprobe.

Si, a priori, sa voix paraît légère pour le rôle-titre, Thibault Perrenoud s'impose rapidement comme une bête de scène, maniéré, truculent et pour finir bouleversant dans le dernier monologue du roi déchu.

Il y a beaucoup de drôlerie dans le York campé par Jean Alibert et la superbe voix de Nicolas Pirson donne à Mowbray et Northumberland une belle épaisseur.

Gestes équivoques, répliques à double-sens, prise à parti du public... le drame fait aussi beaucoup rire.

C'est un grand moment de théâtre que nous offre le collectif Eudaimonia.

Du 15 au 24 mars 2018 au Théâtre de la Croix-Rousse. 

Conception et mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz  - Durée 2 h 10
Traduction, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier
Scénographie Emmanuel Clolus - Création des  lumières Pascale Bongiovanni
Création des costumes Emmanuelle Thomas

Avec :

Thibault Perrenoud Le roi Richard II d’Angleterre

Jean Alibert Thomas de Woodstock, duc de Gloucester; Edmond de Langley, duc d’York, oncle de Richard

François de Brauer  Henry Bolingbroke, duc de Hereford, fils de Jean de Gand et cousin de Richard

Anne-Laure Tondu  La duchesse de Gloucester, veuve de Thomas de Woodstock ;  la reine Isabelle, épouse de Richard;  Lord Ross, partisan de Bolingbroke ; la duchesse d’York mère du duc d'Aumerle

Baptiste Dezerces Le duc d’Aumerle, fils du duc d’York, cousin et ami de Richard

Pierre Stefan Montagnier Jean de Gand, duc de Lancastre, père de Bolingbroke et oncle de Richard ; Lord Bushy, ami de Richard; l’évêque de Carlisle, partisan de Richard

Nicolas Pirson Thomas Mowbray, duc de Norfolk ; Henry Percy, Comte de Northumberland, partisan de Bolingbroke

 

Construction de la scénographie Les Ateliers du Grand T-Théâtre de Loire-Atlantique
Construction des accessoires L’Atelier du TDA-SN de Perpignan

Chargée de production Mathilde Ahmed
Administration, production, diffusion EPOC Productions, Emmanuelle Ossena et Charlotte Pesle-Beal

Coproduction Théâtre de l’Archipel, SN de Perpignan - Les Théâtres Gymnase-Bernardines, Marseille
Le Cratère, SN d’Alès - Théâtre Montansier de Versailles

 

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