Sous la forme d’une farce, la pièce de Henri Ibsen, inspirée des contes de Norvège, relate la chute et la rédemption d'un Norvégien aventureux, paresseux et dégénéré qui, dans sa «quête de soi» est décidé à ne réaliser que de «grandes choses».
Après avoir trahi Solveig et violé Ingrid, Peer Gynt en fuite de son village natal rencontre la fille du roi de Dovre. Par convoitise, il renonce à sa condition d’homme pour la suivre dans le monde des trolls avant de s'enfuir à travers le monde pour faire fortune.
L'oeuvre est une saga qui s'étend sur cinquante ans au cours desquels le personnage égoïste enchaîne les bassesses avant de connaître la folie et la misère qui le pousseront à retourner au pays natal.
Vieilli et pauvre, il rencontre le roi de Dovre qui lui révèle qu’ayant autrefois renoncé à sa condition d'homme, il ne peut que vivre en troll, tout en se le cachant.
Finalement, Peer Gynt retrouve Solveig, qui l'a attendu miraculeusement, et meurt paisiblement grâce à l'amour rédempteur.
Pour illustrer musicalement sa saga, Ibsen avait approché Edvard Grieg qui ne fut guère enthousiasmé par l’histoire qu'il trouvait immorale. Par besoin d’argent, il accepta néanmoins de traiter «le plus anti-musical de tous les sujets».
«Peer Gynt» débuta en triomphe en 1876 à Oslo. Grieg reprendra huit morceaux pour créer deux suites orchestrales jouées en concert qui connaîtront un grand succès.
Pour l'anecdote, le peintre Edvard Munch aimait particulièrement l'oeuvre et, en 1896, il dessina une affiche, représentant Solveig et la mère de Peer Gynt.
La pièce originale durait autour de cinq heures. Pour la ramener à moins de deux heures, Sandra Pocceschi et Giacomo Strada l'ont réécrite pour un seul narrateur, tout en gardant l'humour, la poésie et la dimension fantastique de la saga.
C'est donc un Lucas Bléger très inspiré qui incarne Peer Gynt racontant ses péripéties.
Le décor d'une apparente simplicité est transformé à vue par le comédien au fil des aventures. L'inventivité du procédé est tout bonnement saisissante.
Au début, un simple tipi, une luge et des branchages, dans de la neige poudreuse. Puis, sur la toile du tipi apparaissent des silhouettes. Par la suite, Peer Gynt fera des branchages des accessoires, et donnera à la toile bien des métamorphoses : un écran illuminé de paysages, un ballot pour entamer le voyage, un personnage de chiffon pour l'adieu à sa mère, ou une voile de bateau tandis que sous l'effet d'une projection, la poudreuse se transformera en herbe, en sable, en flots marins...
La musique est magnifique, tantôt mutine, avec triangle et xylophones, tantôt houleuse à grand renfort de cuivres et roulement de timbales. L'ensemble est soutenu par une grande présence chorale.
L'Orchestre National de Lyon a été brillant, sous la baguette de Slatkin, tout comme les choeurs portés par Spirito et le Jeune Choeur symphonique.
L'oeuvre comporte peu de chant en solo et de plus les airs d'Amitra et Peer Gynt ne présentent pas grand intérêt. En revanche, les ravissantes arias de Solveig méritaient la voix d'Agneta Eichenholz, à la fois agile, claire et douce.
Le tonnerre d'applaudissements qui a salué la représentation était un hommage mérité à ce spectacle très abouti.
Le critique allemand Eduard Hanslick l’avait prédit : «Il se pourrait bien qu’avant longtemps ce Peer Gynt d’Ibsen ne continue à vivre qu’à travers la musique de Grieg.»
D'ailleurs, je parie que même si vous ne connaissez pas l'oeuvre entière, vous avez déjà entendu Au matin, Dans l'antre du roi de la montagne et La danse d'Amitra...
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Le 16 et 17 mars 2018 à l'Auditorium de Lyon
Peer Gynt, opus 23, musique de scène pour la pièce d'Ibsen
Compositeur Edvard Grieg - 1876
Orchestre national de Lyon
Spirito et le Jeune Choeur symphonique - Préparation : Laetitia Toulouse
Direction d'orchestre Leonard Slatkin
Avec :
Lauren Fagan, soprano (Anitra)
Agneta Eichenholz, soprano (Solveig)
Dietrich Henschel, baryton (Peer Gynt)
Lucas Bléger, récitant
Conception et réalisation Sandra Pocceschi et Giacomo Strada
Lumières Giacomo Gorini
Vidéo Caterina Viganò, Simone Rovellini et Karol Sudolski
Adaptation de la pièce d’Ibsen Sabryna Pierre
Sculptures et mécanismes Giovanna Amoroso et Istvan Zimmermann – Plastikart
Assistant aux décors Riccardo Canali