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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Concert de l'Hostel Dieu - Auditorium Orchestre national de Lyon

Publié le 17 Février 2017 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Musique

Concert de l'Hostel Dieu - Auditorium Orchestre national de Lyon

Sous la direction de Franck-Emmanuel Comte, artiste passionné et pédagogue engagé, l'ensemble Concert de l'Hostel Dieu défend l’originalité et la spécificité d’un répertoire régional en valorisant les manuscrits baroques conservés dans les bibliothèques de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Mais pour cette représentation à l'Auditorium de Lyon, c'est Mozart "à l'italienne" qui nous a enchantés, après une introduction historique  par le chef d'orchestre.

Elevé dans l'esprit de l'école de l'Allemagne du nord, il a 13 ans lors de son premier voyage en Italie. S'il aimait déjà la musique de Tartini riche en ornementation de tradition baroque, il découvre avec fascination l'opera seria et surtout les derniers grands castrats, dont le registre époustouflant lui fera écrire plus tard des arias réservées aux meilleures sopranos coloratures.

Ainsi, dans son Mithridate, écrit à 14 ans, il dédie pas moins de trois rôles à des castrats.  La création eut lieu à Milan en 1770 et l'opéra fut un succès malgré les doutes provoqués par sa jeunesse du compositeur. Curieusement, il ne fut pas rejoué jusqu'au XXe siècle et c'est donc un choix heureux qui nous a permis d'entendre «Se il rigor d'ingrata sorte». L'aria nous été donnée par Heather Newhouse dont l'expressivité a compensé un léger manque de puissance.

Il est vrai que Mozart avait écrit le rôle de Sifare pour un sopraniste castrat dont la particularité était justement de garder le registre aigu de la voix enfantine, tout en bénéficiant du volume sonore produit par la capacité thoracique d'un adulte.

Concert de l'Hostel Dieu - Auditorium Orchestre national de Lyon

Si l'opera seria était un genre essentiellement écrit pour mettre en valeur les prouesses vocales, le jeune Mozart avait réussi, en plus du bel canto,  à donner aux récitatifs de Lucio Silla, créé en 1772 une musicalité, très bien rendue par Heather Newhouse, qui menait avec fluidité  vers les passages lyriques. La sélection de Franck-Emmanuel Comte pour cette représentation démontrent que  Mozart a mis là son sens de la dramaturgie dans un splendide écrin d'ensembles et de choeurs. 

La symphonie n° 25, pourtant créée un an plus tard, en 1773, a fait l'ouverture du concert. Relevant du Sturm und Drang par ses tonalités mineures, elle suggérait peut-être une approche par Mozart des tourments de  l'âme humaine,  Pourtant, dans le Menuetto, le trio est malicieux, presque narquois, révélant ainsi la jeunesse du compositeur.

Lors de son troisième voyage en Italie, la même année, Mozart écrivit Exsultate jubilate pour le castrat soprano Venanzio Rauzzini à qui il avait confié un rôle dans Lucio Silla. Heather Newhouse a mis beaucoup de joie et de délicatesse dans le récitatif, et ses modulations dans l'Alleluia étaient un ravissement.

Avec le Divertimento en ré majeur KV 136 de 1772, Mozart s'était accordé une parenthèse de grâce et d'insouciance, en s'autorisant la facilité du style galant que méritaient ses seize ans. Le Concert de l'Hostel Dieu jouant sur des instruments anciens, le rendu des cordes était particulièrment séduisant pour ce qui sonne comme une petite symphonie.

Heather Newhouse a couvert avec talent  les écarts de notes difficiles de l'Agnus Dei extrait des Litanieae Lauretanae KV195, qui n'était pas, à vrai dire, le morceau le plus intéressant du concert, lequel permettait d'entendre les évolutions de Mozart qui le menèrent à écrire plus tard à son père : «Désormais, je peux écrire dans tous les styles» .

16 février 2017 - Orchestre et Chœur du Concert de l’Hostel Dieu
Franck-Emmanuel Comte, direction - Heather Newhouse, soprano

Programme "Mozart l'Italien" :

  • Symphonie n° 25, en sol mineur, KV 183 — 20 min
  • «Se il rigor d'ingrata sorte», extrait de Mitridate, re di Ponto, KV 87 — 3 min
  • Exsultate jubilate, KV 165 — 15 min
  • Divertimento en ré majeur, KV 136 — 15 min
  • «Agnus Dei» des Litaniæ Lauretanæ de Beata Maria Virgine, KV 195 — 7 min
  • Ouverture, arias et chœurs de Lucio Silla, KV 135 — 25 min

 

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