Le jour se lève vers 5 h 30 et c'est l'heure que choisit le guide pour essayer de voir les animaux tardifs. En général, ils sortent la nuit mais je n'avais aucune envie de faire la marche nocturne : d'une part ma vision n'y est pas bonne et, d'autre part, j'ai bien fait de ne pas m'y inscrire car la nuit, il est tombé des cordes.
Comme il faut affronter les moustiques, j'ai mis des manches longues et passé du répulsif bio sur le visage et les mains ("Mosi-guard", le seul sans DEET et validé par les autorités sanitaires françaises).
J'ai vite découvert que ces sales bêtes ont la trompe longue : j'ai été piquée quatre ou cinq fois aux bras, à travers le lin ! Je sais désormais qu'il faut pulvériser le produit également sur les vêtements.
La démangeaison apparaissant deux ou trois heures après, ça n'a pas gâché la promenade.
L'hôtel faisant partie de la réserve, nous n'avons qu'une centaine de mètres à faire pour rejoindre le sentier et déjà, nous avons de la chance.
Nous faisons un arrêt pour enfiler des bottes en caoutchouc. Warner explique que le chemin va être boueux et que ça protège d'éventuels serpents ou araignées venimeux.
Il insiste pour que nous ne touchions à rien : la seule vibration d'un tronc peut faire surgir une bête indésirable, en outre une jolie bestiole comme une grenouille ou une chenille peuvent être toxiques rien qu'au toucher.
Autant dire que je marche soigneusement dans ses pas pendant les deux heures !
Je savais que la toile naturellement dorée des araignées est particulièrement résistante : à épaisseur égale, elle est plus solide que l'acier.
Quand j'en parle à Warner, il me le confirme et en prélève un peloton qu'il me tend : je tire de toute mes forces sans parvenir à le rompre.
Plus tard, enfin ! une vraie grenouille ! Elle est minuscule, environ 3 cm, mais d'un rouge si vif que je l'ai remarquée sans aide.
Warner furète autour de feuilles enroulées et explique que souvent des chauves-souris s'y installent. Il en fait la démonstration, mais bien sûr, je ne capte qu'un brouillard.
Et heureusement qu'elles ne sont pas rancunières : je n'aimerais pas qu'on vienne secouer ma baraque juste pour voir si j'y suis !
Plus terne que la grenouille mais avec une bonne bouille quand même, voici un crapaud.
Et pour finir, ce gros machin moche est une limace qui se gonfle pour essayer de ressembler à un lézard et paraître moins vulnérable.
J'ai eu raison de prendre une cape imperméable : il se met à pleuvoir à torrents, heureusement en fin de parcours.
La pluie n'est pas froide mais les vêtements n'auraient pas le temps de sécher avant que je fasse ma valise pour partir tôt demain matin, destination Corcovado, plein sud, sur la côte du Pacifique.