Je commence la journée par une jolie bévue. La femme de charge m'accueille avec une formule du genre "Super, le christ est mort pour nous" et je reste plantée là, à la regarder, jusqu'à ce qu'elle m'explique que je dois répondre un truc du genre "Ah ben ouais, joyeuses pâques". Je m'excuse en expliquant qu'étant athée, je n'ai pas mémorisé ce genre de chose et vois dans ses yeux que ce n'était pas la chose à dire.
Là-dessus, elle enchaîne en me proposant des épinards fraîchement cuits et là encore, je gaffe (moi, avant le café...) en disant que je préfère le yaourt et elle m'explique qu'on mange de la verdure, tout comme des oeufs, en signe de renaissance. Je fais donc preuve de bonne volonté (faut dire que j'adore les épinards) et bien m'en prend car ils sont délicieux.
Après ça, on nous apporte des oeufs durs décorés pour la traditionnelle bataille : chacun doit frapper l'oeuf d'un autre avec le sien et celui dont la coquille se brise doit donner son oeuf au gagnant. En principe, les oeufs sont teints en brun avec de la pelure d'oignon rouge mais là, les oeufs ont été ornés d'une bande adhésive richement imprimée.
Je n'aime pas ça, d'autant que pour éplucher l'oeuf après, c'est galère !
J'ai envie de traînasser donc je prépare mon voyage à Gyumri. Je ferai la route demain car de toute façon, ce sera férié et les musées seront fermés. Ainsi, je pourrai visiter la partie architecturale extérieure et je serai sur place dès le matin du mardi pour voir le reste.
Je passe par booking.com pour chercher un hôtel sur place et j'opte pour le coquet Berlin Art Hotel, à 47 €, histoire d'avoir pour une nuit, la télévision, une salle de bains et des toilettes à moi toute seule. En plus, l'hôtel fait galerie d'art.
C'est à 125 km, et les options de trajet sont peu attrayantes...
Pour 15 €, il y a un train mais uniquement à 8 h pour un trajet de 3 heures, ce qui ne me plaît pas du tout.
Pour 4 €, il y a les minibus qui démarrent uniquement quand ils sont pleins, soit toutes les quinze minutes tôt le matin, voire à intervalle de plus d'une heure après 11 h. Mais outre que la station est à dache et que je n'ai pas envie de poireauter, la perspective d'être bringuebalée pendant plus de deux heures n'est pas séduisante. Il y a aussi les taxis partagés, qui attendent au même endroit pour charger trois voire quatre personnes mais sachant que les hommes fument beaucoup, ça ne m'emballe pas.
Finalement, je me souviens que quand j'en avais parlé à Movsès, il m'avait dit que pour un trajet en solo, environ 26 € serait un prix très convenable (pour mémoire, le revenu moyen mensuel est de 230 €... à condition encore d'avoir du travail).
Du coup, je pense que c'est l'occasion de faire une économie tout en aidant quelqu'un d'autre et j'appelle l'hôtel de Gyumri pour demander s'ils connaissent une personne à Yerevan qui voudrait faire le trajet moyennant ce prix. Dix minutes plus tard, l'affaire est faite : Vahag m'appelle pour organiser le trajet. Il me prendra à l'auberge à 13 h et me déposera à l'hôtel. Il est même disposé à me ramener le lendemain soir à Yerevan.
Ouf ! ça, c'est fait et je peux aller me promener une seconde fois au Vernissage. Je mets une robe légère car il fait vraiment très chaud et pour changer, je remonte l'avenue Nalbandyan en flânant jusqu'au métro.
La belle saison est bien engagée et les buvettes saisonnières se préparent à rouvrir. Il y en a de toutes sortes dans la coulée verte qui sépare des avenues en plusieurs endroits de la ville. Il y a du laid, du sobre, du tapageur, du rustique... et tout se côtoie dans un joyeux bazar.
En raison de la taille des avenues, il y a de nombreux passages souterrains. Celui-ci était grouillant d'activité, avec des boutiques et de petits étals dans les escaliers.
Apparemment, il est en cours de rénovation et je me demande ce qu'il adviendra des plus modestes...
Il fait une chaleur de fournaise et plein de fillees perchées sur des talons immenses portent des collants. Finalement, être une "petite mère" a du bon : je peux gambader jambes nues en ballerines souples et au diable le glamour.
J'ai remarqué qu'il y a plus de grassouillettes que la dernière fois : soit la malbouffe et les sodas prennent leur tribut, soit les Arméniennes venues de Syrie et du Liban véhiculent leurs critères.
Il y a de nombreux automates de change et j'en profite en vue du Vernissage.
Arrivée au métro, je vois que là encore un peu de verdure se faufile.
Le métro coûte toujours dans les 0,15 € et fonctionne avec un jeton qu'on glisse dans une fente pour ouvrir le tourniquet. Pas besoin de haute technologie, économie de papier, d'encre et de surface magnétique. Mes jetons qui datent de deux ans sont toujours valables.
Il n'est pas permis de photographier l'intérieur mais on accède au quai par un escalator vertigineux et c'est très spacieux.
Encore une fois, je me laisse tenter par le bois, chez le même artisan :
J'ai ensuite eu l'idée d'arpenter le marché aux puces et après avoir résisté longuement aux figurines d'animaux en céramique dont une magnifique girafe couchée, trop grande et fragile, j'ai succombé à mon vice kitsch avec ce vison :
Etant déjà en milieu d'après-midi, je décide de rentrer en faisant provende de petits concombres, fromage de brebis et un "gata", une sorte de brioche sucrée.
ablement, bien que j'ai soigneusement serré le mien dans ma paume.
Nous bavardons jusqu'à son départ et je m'attelle ensuite à cet article, tout en rassemblant des informations en prévision de mon départ à Gyumri...