Bourgoin-Jallieu - Le Musée et autour

Pour déjeuner en bonne compagnie, j'ai fait un petit tour à Bourgoin-Jallieu, une petite ville qui m'a paru plutôt agréable, en tout cas dans la partie que j'ai traversée, de la gare au restaurant puis au musée.

Située à quarante kilomètre de Lyon, Bourgoin-Jallieu, centre stratégique du commerce de la soie, se développe surtout au 19e siècle avec les industries du tissage, de l'ennoblissement textile (teinture, impression, apprêts, applications) et de la cartonnerie.

Après la Première Guerre-mondiale, l'activité est florissante pour atteindre sa pleine prospérité vers 1925-1930. Toute la région vit alors au rytlune des ateliers textiles et les plus importantes usines d'impression, comme Brunet-Lecomte, emploienc près de cinq cents personnes.

Ces savoir-faire prestigieux liés au travail de la soie servent d'emblée de pivot à la stratégie de valorisation de la ville de Bourgoin-Jallieu. Les crises conjoncturelles successives combinées à d'importantes évolutions techniques entraînent, à partir des années 1950, la fermeture de nombreux éTablissemencs mais les compétences ne s'éteignent pas, s'adaptant aux exigences du marché par le développement de nouvelles technologies.
 

Le Musée de Bourgoin-Jallieu propose un parcours muséographique  organisé autour de l’industrie textile en Nord-Isère, ainsi que des expositions temporaires autour du textile et des beaux-arts.

Il retrace l’histoire des techniques et l’accent est particulièrement mis sur l’évolution de l’impression sur étoffes, l’industrie phare du territoire berjallien. Des premières planches d’impression du 18e siècle aux dernières technologies informatiques, le musée témoigne de ces savoir-faire qui se transmettent dans la région depuis plus de deux siècles

Les machines Jacquard ont permis l'automatisation du tissage. C'est un procédé complexe que vous pouvez voir sur le site Textile Addict.

L'histoire des indiennes de coton en Europe reflète l'ouverture aux produits nouveaux, importés d'Orient au 16e siècle notamment via Marseille, puis copiés dans la Suisse et l'Alsace protestantes au siècle suivant, d'abord à la main et ensuite grâce aux premiers procédés d'impression sur textile.

Cette mécanisation et le goût du public pour des étoffes légères, gaies et colorées sont les présages de la révolution industrielle qui démarre vers la fin du 18e siècle dans la région de Manchester avec les premiers entrepreneurs du coton britannique.

À partir de 1660 l'Europe s'enthousiasma pour les textiles indiens. Leur usage dans l'ameublement et l'habillement s'imposa dans les milieux aisés et les "Indiennes" constituèrent jusqu'aux trois-quarts des marchandises en provenance de l'Inde. La raison de leur succès tient avant tout à la matière première dont ils étaient faits : le coton, jusque-là quasi inconnu en Europe, dont la finesse, la légèreté, le lavage aisé et le caractère hygiénique assurèrent le triomphe.

La deuxième raison du succès des "Indiennes" résidait dans l'emploi des techniques de peinture et surtout d'impression sur étoffe, dont l'Europe ignorait jusque-là le principe de fixation. Délicieusement exotiques, elles étaient peintes avec deux couleurs dominantes, le rouge, tiré de la racine de garance et le bleu, extrait de l'indigotier.

La communauté arménienne de Marseille, par ses liens avec l'Orient, est la première à importer des Indiennes et à initier des artisans locaux à leur reproduction, avec des peintures colorées.

Leur présence amène Jean-Baptiste Colbert à créer en 1669 le port franc de Marseille où des Arméniens dits les chofelins, ruinés après l'échec de l'expédition de Candie, s’installent à sa demande, pour apprendre aux « maîtres cartiers » marseillais à peindre les cotonnades de façon différente : ils maîtrisent la technique des « indiennes de Masulipatnam », appelée aussi Machilipatnam3.

La folie pour les "Indiennes" fut telle en France qu'une prohibition en interdit le port, la vente et la fabrication entre 1686 et 1759. Le port de ces vêtements pouvait être puni de la peine des galères et leur vente pouvait conduire à la pendaison ; mais une contrebande active, alimentée en partie par les marins de la Compagnie des Indes approvisionna un marché clandestin et les "Indiennes" furent portées par toutes les élégantes, de la favorite du roi à la demoiselle de province.

La stupéfiante technique du velours au sabre a été présentée pour la première fois à l'Exposition universelle de 1867.

Elle consiste à couper la première épaisseur d'un satin duchesse, nommé justement "satin à sabrer", avec un petit rasoir, ou sabre, très effilé. Ensuite le tissu est brossé avec une brosse en poils de sanglier pour le mettre en relief, "faire chanter ses couleurs" et en faire un velours unique, très haut de gamme.

Pratiqué dès les années 1830 par le soyeux stéphanois Charles Rebour, le velours au sabre, uniquement à la main, fit les grands jours de la Maison Staron puis d'Hermès. Rares sont aujourd'hui les artisanes qui maîtrise ce geste.

Avant de reprendre le train, malgré le temps mitigé, je fais quelques pas dans la ville.

Pour la grande église Saint Jean Baptiste, l'absence de soleil et d'éclairage intérieur ne m'a pas permis de bonnes photographies.