Dans "Life", avec Keith Richards, c'est un musicien dans l’âme qui se raconte, sur fond d’époque tumultueuse où tout était à refaire.
Enfant unique, chétif, il grandit dans les ruines de la seconde guerre mondiale, avec heureusement un grand-père musicien de jazz pour lui insuffler une passion. Keith s’imprégnait déjà comme une éponge de la musique que sa mère mélomane et la radio lui donnaient à entendre.
Un première guitare à treize ans, la rencontre d’un frère, Mick Jagger, puis le rêve américain : c’est le début d’une odyssée de légende, toute en démesure.
La mémoire de « Keef », est remarquable, à la fois précise, tendre et drôle. De longs passages sont consacrés aux techniques transmises par des guitaristes d’exception et à son amour infini pour les blues et les hommes qui l’ont fait. On le découvre aussi grand lecteur, couturier amateur, sauveur de chat et romantique invétéré...
Ne cherchez pas le cliché du drogué magnifique. Il ne renie rien mais n’enjolive rien. Keith ne se définit pas par la drogue mais par la musique. Aujourd’hui encore il s’étonne qu’on le dépeigne comme un junkie alors qu’il a depuis longtemps laissé tout ça derrière lui.
J'ai eu sous les yeux le portrait d’un homme simple qui vit pour la musique, par-delà les jouissances et même les souffrances qui ne lui ont pas été épargnées. L’atmosphère survoltée des concerts, la genèse des chansons qui ont propulsé le groupe dans la célébrité et les querelles qui l'ont mis en péril alternent avec des anecdotes cocasses ou déchirantes, et de grandes histoires de sexe, d’amour et d’amitié.
Life est un récit prenant car James Fox a su rendre la parole de Richards, pleine de verve et d’humour. Il révèle d’ailleurs : « Keith est un éditeur né, Il a voulu que je lui lise tout le livre à haute voix pour faire des coupes afin que le rythme soit parfait, que l’allure générale se tienne. »
Au fil de cinquante ans de souvenirs témoins de changements de société, on éprouve un grand plaisir à découvrir la vie d’un vieux briscard qui mérite aujourd’hui son bonheur.
Lu en anglais dans l'édition Weidenfeld et Nicolson - Disponible en français chez Seuil.