J'ai toujours voulu visiter la tour Eiffel mais je n'y étais jamais arrivée.
Par une sorte de malédiction, chaque fois que j'étais à Paris, pour affaires ou pour les loisirs, il y avait un contretemps : une queue infinie, une grève, une fermeture pour cause d'intempéries, un rendez-vous de dernière minute...
Grâce à la possibilité, désormais, de réserver un créneau en ligne, j'avais organisé ma visite pour aujourd'hui, avec l'achat d'une entrée, les billets de TGV et de métro, ainsi qu'un repérage soigneux du trajet en métro pour éviter de me retrouver à Vincennes ou Pigalle.
Le temps était à la pluie mais le site de la tour Eiffel n'indiquait pas d'annulation pour intempéries, donc je me suis gaiement rendue à la gare.
A l'arrivée, j'ai tout de suite trouvé la bonne ligne de métro et en passant le portillon, j'étais dans les temps pour la visite de 13 h 30, sachant qu'il fallait arriver 20 mn avant pour les contrôles de sécurité.
Et c'est là que j'ai reçu ça :
La malédiction avait encore frappé !
Pétrifiée, j'ai eu de la peine à rassembler mes idées. Prendre un train de retour ? Chercher une exposition à visiter ?
Je ne pouvais pas m'y résoudre et j'étais très en colère donc j'ai décidé de me rendre quand même sur place, ne serait-ce que pour rouscailler quant à cette notification tardive.
Entre la pluie et la barrière de sécurité entourant le site, j'ai eu de la peine à trouver l'entrée.
Lorsque je suis arrivée dans la file d'attente au portique de sécurité, aucun panneau n'annonçait d'annulation.
Il y avait bien la queue, ensuite, au point de contrôle des billets et l'hôte m'a confirmé que le message "devait être une erreur".
Certes, j'étais contente d'être venue mais n'ayant jamais reçu de démenti, et au vu de la cohue, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il y avait là une tentative sournoise de délester des sur-réservations...
Cerise sur le gâteau, il y a eu un second portique de sécurité qui m'a fait amèrement regretter de ne pas avoir visité la tour Eiffel au 20e siècle.
En achetant mon billet en ligne, j'avais appris que pour aller au sommet, on doit obligatoirement prendre l'ascenseur au rez-de-chaussée, puis changer au deuxième étage pour une autre cabine.
J'ai beaucoup aimé un détail rétro : les cabines étaient actionnées par des dames d'ascenseur en uniforme et pas par un guidage automatique.
Avant de prendre le second ascenseur, on a une vue du 2e étage mais il y a tellement de visiteurs et d'andouillesmitraillant des autoportraits que j'enchaîne au plus vite vers le sommet.
En rejoignant la cabine, je passe devant le fameux restaurant Jules Verne dont les prix vertigineux sont à la hauteur de son emplacement.
Gustave Eiffel, en compagnie de sa fille Claire, s'était aménagé un petit appartement au sommet de la tour où il accueillait des hôtes de marque dans le cadre de réceptions privées.
On ne peut voir que le bureau, avec une reconstitution de la visite que lui fit Thomas Edison le 10 septembre 1889. A cette occasion, le physicien et inventeur américain offrit à Gustave Eiffel un modèle de son fameux phonographe qu'il venait présenter à l'exposition universelle.
J'arrive enfin au point qui m'intéresse le plus : descendre à pied pour pouvoir appréhender les volumes et la matière, même s'il fait froid.
Je pensais regretter le soleil mais c'est tout le contraire : avec le vent, la structure vibre et avec la pluie, j'ai l'impression d'être perchée dans la mâture d'un grand navire.
C'est une sensation formidable !