Alors une des plus riches des anciennes républiques soviétiques, l'Arménie a souffert du changement commencé avec la politique de perestroïka de Gorbatchev, et accéléré l'érosion régulière de l'économie soviétique déjà mal en point.
L'Arménie dépendait fortement de l'ancienne Union soviétique pour son commerce. Des matières premières étaient importées de Sibérie ou des républiques d'Asie centrale pour être ensuite traitées en Arménie, puis réexportée à travers l'Union soviétique et les pays du Pacte de Varsovie.
Avec la perestroika, l'économie planifiée a commencé à se dissoudre. Elle a atteint un seuil critique en 1988, avec le tremblement de terre de Spitak qui a démontré l'incapacité de Moscou à remédier à la situation.
Les problèmes étaient encore localisés à la zone du tremblement de terre quand l'Azerbaïdjan a imposé un blocus énergétique contre le pays en 1989, en réponse à la déclaration d'indépendance du Haut-Karabagh. La population a vécu un véritable calvaire, avec des hivers à -30°, sans autre chose pour se chauffer que tout le bois qu'ils pouvaient trouver, jusqu'aux meubles quand les forêts y sont passées.
Ce rationnement d'énergie a provoqué la réduction de la production. En parallèle, les tensions entre la Géorgie et sa république séparatiste d'Abkhazie ont perturbé les voies de transport terrestres vers la Russie, alors que l'Azerbaïdjan bloquait également les voies alternatives par son territoire. Le pays a ainsi perdu ses débouchés commerciaux, et de nombreuses années ont été nécessaires pour les rétablir via le fret aérien et les ports géorgiens.
Le salaire minimum en Arménie est en 2017 de 55 000 drams, soit 104 euros et c'est le plus fréquent même si la moyenne mensuelle est de quatre fois supérieure à ce minimum. Il y a quelques privilégiés qui gagnent une fortune, industriels ou spécialistes de l'import-export aux revenus parfois douteux.
Comme repère, les factures d’électricité, de gaz et de téléphone d’un foyer constituent en moyenne plus de 100 000 drams, soit le double du salaire minimum. Un café ordinaire coût 100 dram, un kilo de pain 545 dram, 1 litre de lait 402 drams.
D’où la question : comment vivent les citoyens arméniens avec le salaire minimum ? Voire sans salaire, avec 30 % de chômage ?
Mal.
La plupart ne vivent que de ce que leur versent des membres de la famille expatriés qui travaillent en Russie, Kazakhstan, Ukraine, Biélorussie, Allemagne...
Selon Kariné Kouyoumdjian, la responsable du recensement au Centre national d’études statistiques d’Arménie, 1 483 133 touristes ont séjourné en Arménie en 2016.
Dans le même temps, avec des passeports arméniens ce sont 820 398 personnes qui ont quitté l’Arménie l’an dernier et seulement 769 019 sont revenues en Arménie, soit près de 49 000 citoyens qui ont préféré rester à l’étranger ou émigrer.
Le manque de moyens financiers (et une corruption notable) empêche l'État arménien de financer de nombreux projets de développement ou de rénovation. Les dons recueillis par la diaspora arménienne par le biais d'organismes de soutien ou par l'initiative privée individuelle de personnes riches d'origine arménienne se substituent souvent à l'État défaillant : la construction d'un tunnel routier sur l'axe menant vers la Géorgie, la construction du téléphérique permettant un accès plus aisé au monastère de Tatev, la restauration de nombreux monastères, le financement d'écoles, de routes et la distribution de l'eau, surtout au Karabagh, sont désormais souvent assurés par les fonds venus de la diaspora.
Un mouvement important est celui des "repatriés", initié aux Etats-Unis. Descendants des survivant du génocide, ces jeunes veulent se réapproprier le pays. Ils viennent pour créer de la richesse en montant leur entreprise : développement informatique, architecture, cafés, restaurants, club de gym etc.
Pour le moment tout se concentre à la capitale, Yerevan mais il faudra bien que ça se décentralise et, déjà, Gyumri fait l'objet de toutes les attentions.
La crise économique est mondiale, de toute manière, alors il faudra bien qu'un peuple de près de 3000 ans s'en sorte encore, d'une manière ou d'une autre.