A huit ans, apprenant la chanson "Douce nuit", je restai perplexe sur les paroles
"... du fil, Maman, Noël descend...".
De nature à rationaliser, j'en déduisis que ça signifiait qu'il fallait que la mère apportât du fil pour accrocher les boules au sapin.
Il se passa quelques années avant de découvrir qu'il s'agissait du "firmament".
Plus tard, confrontée aux joies du chant de colonie de vacances, je me demandais pourquoi le marin disait :
"Quand j'entends le vent de la mer, je pense aux carameeeeeels".
Toute au bonheur des caramels au beurre salé, je ne savais pas encore qu'il s'agissait en fait de "caravelles".
Mon ouÏe est excellente et je trouvais vexant qu'elle me jouât des tours, jusqu'à ce que j'apprisse grâce aux neurosciences que le cerveau préfère inventer des explications à ce qui lui échappe, pour combler les vides.
Bien plus amusant, je viens de découvrir qu'il existe un mot américain pour ce phénomène, et c'est "mondegreen".
Le terme a été évoqué pour la première fois par l'Américaine Sylvia Wright dans l'essai "The Death of Lady Mondegreen", publié en par Harper's Magazine.
Elle y racontait que dans son enfance, sa mère lui lisait des vers tirés de l'ouvrage “Reliques of Ancient English Poetry”. Parmi ses préférés, il y avait :
“Ye Highlands and ye Lowlands
Oh, where hae ye been?
They hae slain the Earl Amurray,
And Lady Mondegreen.”
Sauf qu'aucune Lady Mondegreen n'avait été trucidée avec le comte Amurray, l'ennemi ayant seulement “laid him on the green.” c'est-à-dire laissé le pauvre homme étendu sur le pré.
Wright découvrit plus tard son erreur et aucun mot ne désignant le phénomène, elle lui donna le nom de la fictive Lady Mondegreen.
Le terme "mondegreen" a été ajouté en 2000 au Webster's College Dictionary et pour autant que je sache, il n'y pas d'équivalent français.
Joli défi, non ?