Comme je le disais précédemment, j'ai le don de me perdre.
Pas découragée, j'ai décidé de prendre le métro vers le sud de la ville puis marcher vers l'ouest vers quelques centres d'intérêt.
Or donc, après avoir acheté un jeton de métro pour l'équivalent de 20 centimes d'euros et m'être laissée emporter dans les entrailles de Yerevan par un escalator survolté, je suis arrivée sur le quai où une rame venait de fermer ses portes. Malédiction ! Ouais, j'exagère, mais c'est pour planter le décor.
Mais c'était l'avant de la rame et le chauffeur au vu de ma mine déconfite a très gentiment rouvert les portes. Classe, n'est-ce pas ?
Toute contente de ce bon présage, je m'assieds sereinement jusqu'au moment où j'entends l'annonce de la station suivante "Bagramian". Même sans plan, je sais que quelque chose ne va pas car la station "Hanrabedoutian" que je vise est justement censée être à un seul arrêt.
Le temps d'analyser tout ça, la rame repart et je m'empresse de descendre à l'arrêt suivant, "Paregamoutian". En gros, je suis dans un quartier nord-ouest... Faute de plan, je décide de jeter un oeil rapide alentour avant de repartir vers ma destination initiale et revenir une autre fois.
En fait, je découvre une immense galerie commerçante, un dédale de boutiques de toutes sortes, du minuscule étal de sandales à la grande maroquinerie, en passant par les vêtements à la mode (la même qu'en France puisque les textiles viennent aussi de Chine et du Pakistan...). Après avoir flâné longuement, je réalise que la galerie est circulaire en me retrouvant devant l'escalier de sortie.
Je découvre un marché alimentaire, qui s'étend en grimpant une côte.
compte, je peux changer mon programme et faire des courses pour le déjeuner.
De petits kiosques odorants vendent des brochettes de viande, des chaussons au fromage et diverses pâtisseries mais je me contente de prendre un tout petit beignet au sirop pour ne pas finir par me nourrir uniquement de gras et de sucre...
J'achète donc des tomates, oignon, citron, concombres et poivrons verts, ainsi qu'une tranche de fromage rappelant la féta grecque.
J'ajoute un bouquet d'herbes qui font partie du repas de base et qu'on mange en les roulant dans du pain "lavach" ou les incorporant dans les salades : persil plat, sauge, basilic rouge, fenouil fin et parfois coriandre.
Au détour d'un étal, j'avise de droles de cerises vert clair et j'interroge le vendeur sur le nom de leur variété. Il me regarde avec des yeux ronds et me répond, amusé, que ce sont des "cholor".
Le nom ne m'évoque rien et je lui demande si c'est un fruit ou un légume : il s'agit bien d'un fruit. Je demande ensuite si ça se mange cru ou cuit et de plus en plus éberlué, il répond que ça se mange comme ça.
J'en achète donc une poignée pour y goûter. En croquant, la texture fait penser à la pomme verte mais le goût est résolument... de la prune !
Je réalise alors que la prononciation en arménien oriental "cholor" correspond à l'arménien occidental "salor", que j'utilise.
Leur taille est celle d'une mirabelle mais les Arméniens les mangent avant maturité.
Les prunes vertes annoncent la fin du printemps. Leur acidité est délicieusement rafraîchissante et certains les mangent même à la croque-au-sel, en entrée.
Finalement, j'ai interrogé le vendeur sur des prunes comme si c'était un fruit furieusement exotique.
Le ridicule ne tue pas, et j'en suis la preuve vivante.