Si je vous amuse avec mes anecdotes, je dois tout de même ne pas vous cacher d'autres aspects moins drôles et une page d'histoire rapide, élaborée par France-Diplomatie, vous apportera un éclairage sur ce que je pourrai raconter par la suite.
L’Arménie contemporaine reste profondément marquée par la mémoire du génocide de 1915. Elle connaît une brève période d’indépendance après l’effondrement des empires russe (1917) et ottoman (1918) avant de tomber dans le giron bolchevique puis soviétique.
La République soviétique d’Arménie, qui ne couvre qu’une petite partie du territoire historique de l’Arménie, naît en novembre 1920, elle est incluse en 1922 dans la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, puis devient à partir de 1936 une République socialiste soviétique à part entière.
A partir de 1988, des affrontements violents opposent Azerbaïdjanais et Arméniens du Haut-Karabagh, région autonome de la République d’Azerbaïdjan peuplée majoritairement d’Arméniens. Après l’échec du putsch du 19 août 1991 à Moscou, l’Armée rouge quitte le Caucase, laissant les combattants face à face. Les heurts dégénèrent alors en conflit ouvert.
L’Arménie proclame son indépendance le 21 septembre 1991. Le 16 octobre 1991, Levon Ter-Petrossian devient le premier Président de la République élu au suffrage universel. Sa réélection en septembre 1996 est, selon les observateurs occidentaux, entachée de fraudes, et lorsque l’opposition manifeste, le pouvoir envoie la police et les chars. En février 1998, le Président Ter Petrossian, en difficulté notamment du fait de ses prises de position sur le Haut-Karabagh, démissionne.
Il est remplacé le 30 mars 1998 par Robert Kotcharian, ancien « président » du Haut-Karabagh.
La vie politique arménienne depuis l’indépendance a longtemps été caractérisée par l’absence de parti politique dominant et la violence extrême des affrontements politiques, dont l’illustration la plus tragique reste la tuerie du Parlement en 1999, dont ont été victimes le Président du Parlement K. Demirtchian et le Premier Ministre V. Sarkissian. La question du Haut-Karabagh y occupe une place prépondérante. Les élections présidentielles de février 2003, consacrant la réélection de Robert Kotcharian, avaient été suivies d’un fort mouvement de protestation.
Le Parlement élu en 2003 a adopté plusieurs réformes importantes (abolition de la peine de mort, adoption de lois sur le service alternatif et les médias...), le Président Kotcharian gardant cependant un contrôle sans partage du pouvoir. Un référendum en novembre 2005 a mis la Constitution en conformité avec les engagements souscrits par l’Arménie lors de son adhésion au Conseil de l’Europe : indépendance de la justice, autonomie locale, médiateur et protection des droits et libertés, équilibre des pouvoirs législatif et exécutif.
L’éclatement de la coalition en mai 2006 puis la démission du Président du Parlement ont donné le signal de recompositions politiques majeures à la veille des élections législatives de mai 2007. D’autre part, le décès du Premier ministre, A.Markarian, a conduit Serge Sarkissian, alors Ministre de la Défense et n°2 du Parti républicain, à assumer la direction du gouvernement. A moins d’un an des élections présidentielles de février 2008, l’enjeu des élections législatives résidait dans la succession du président Kotcharian, auquel la constitution interdisait de briguer un troisième mandat.
Alors qu’aucune des élections précédemment organisées en Arménie n’avait répondu aux standards internationaux en matière électorale, les observateurs de l’OSCE ont porté une appréciation globalement positive sur le déroulement du scrutin, marqué par la débâcle de l’opposition historique, l’émergence de forces nouvelles (les jeunes partis « Arménie prospère » et « Héritage ») et la montée en puissance du Parti républicain.
L'avant-dernière élection présidentielle s’est tenue en février 2008. L’annonce de la victoire de Serge Sarkissian dès le lendemain du scrutin avec plus de 52 % des voix a donné lieu à d’importantes manifestations de l’opposition, menée par Levon Ter Pétrossian, premier Président de l’Arménie indépendante et principal adversaire de Serge Sarkissian. Elles ont dégénéré après l’intervention des forces de l’ordre le 1er mars, faisant 8 tués et plus d’une centaine de blessés parmi les manifestants. L’état d’urgence, décrété le 2 mars, s’est vu prolongé dans les faits par un dispositif législatif restreignant les libertés publiques, le pouvoir procédant parallèlement à de nombreuses arrestations et au limogeage de certaines personnalités d’opposition.
Suite aux événements de mars 2008, les autorités arméniennes ont tenté de répondre aux recommandations des institutions internationales, notamment du Conseil de l’Europe (levée du dispositif législatif de restriction des libertés publiques ; mise en place d’une commission d’enquête sur les événements ; ouvertures en direction de l’opposition radicale et des médias ; mise en place d’une chambre civile ; grâce présidentielle ; annonce d’une réforme du code pénal).
Fin janvier 2009, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a décidé de tenir compte des premiers résultats encourageants enregistrés par l’Arménie, Erevan échappant ainsi à un vote sanction. Les efforts des autorités arméniennes se sont illustrés le 19 juin 2009 par une amnistie du Président Sarkissian en faveur de près de 2000 personnes, dont 90% des personnes inculpées à la suite des événements de mars 2008. Suggérée par l’ensemble de la classe politique, cette amnistie a été accueillie avec soulagement par l’opinion publique. Malgré ces avancées, des progrès restent à faire en matière de droits de l’Homme.
Depuis mars 2008, des réformes sont engagées visant à la modernisation de l’Etat : lutte contre la corruption, réforme du système judiciaire, modernisation de l’administration fiscale, lutte contre l’arbitraire des forces de l’ordre, amélioration du climat des affaires). Toutefois, la corruption existe toujours et les oligarques se taillent la part du lion tandis que la crise financière touche de plein fouet l’économie arménienne. On assiste à une réduction drastique des transferts en provenance des travailleurs émigrés en Russie, à la montée du chômage te à la chute du PIB.
En 2012, le « Parti Républicain » est encore majoritaire. L’opposition n'a pas pu offrir une alternative politique rassurante, trop divisée en Congrès national arménien de l’ancien Président Levon Ter Petrossian, Dachnaks et parti « Héritage ». La politique étrangère (cf. rapprochement turco-arménien, Haut-Karabagh…) cristallise les débats politiques, sans mobiliser une opinion publique absorbée par un quotidien rendu difficile par la crise économique.
Situation économique
D’abord épargnée en raison de la faible intégration de son secteur bancaire, l’Arménie a été fortement affectée par la crise financière à partir de la fin de l’année 2008. Le PIB arménien a ainsi enregistré en 2009 une baisse de 14,4%, soit la plus forte récession de la zone CEI après l’Ukraine.
Le pays a été particulièrement touché par la dégradation de la situation financière en Russie dont il demeure très dépendant. La crise du secteur de la construction, pourtant intensif en main d’œuvre, a eu officiellement des effets limités sur le chômage, qui reste sous contrôle (7,1%). Afin de réduire le choc de la récession, l’Arménie a dû faire appel au FMI ainsi qu’aux principales IFIs, au prix d’une dévaluation de 20% de la monnaie nationale et d’une hausse de l’endettement (la dette externe publique passe de 13% du PIB en 2008 à plus de 40% du PIB en 2010) et de l’inflation. En 2010, le pays a renoué avec la croissance (+4,7%), loin cependant des niveaux enregistrés avant la crise.
La crise financière a révélé les faiblesses du modèle de croissance arménien : sa base de croissance excessivement étroite, les manques de compétitivité et de diversité de l’industrie, révélés par un déficit structurel du compte courant et sa dépendance excessive aux capitaux provenant de Russie, qui possède des quasi-monopoles dans le secteur des télécoms (MTS et Vimpelcom), de l’électricité (RAO UES), de la distribution de gaz (Gazprom) et des chemins de fer (RZD). Le potentiel de croissance de l’Arménie reste entravé par une concurrence insuffisante, liée notamment à l’existence d’importants monopoles d’importation (matériaux de construction, verre, sucre, huile…). Les lourdeurs administratives, la corruption et le manque d’indépendance de la justice contribuent également à maintenir un faible niveau de concurrence.
Ce que je vois, au quotidien, c'est que des oligarques se goinfrent aux dépens d'un développement économique à long terme, qui mettrait fin à l'émigration massive et redonnerait un avenir à toute une population qui bénéficie d'une éducation de haut niveau mais ne peut pas en tirer parti dans son propre pays.