Situés dans la région de Basilicate dans l’Italie du sud, les Sassi et le parc des églises rupestres de Matera comprennent un ensemble de maisons, d’églises, de monastères et d’ermitages construits dans les grottes naturelles de la Murgia.
La morphologie du territoire classé au patrimoine de l'UNESCO, se distingue par ses gorges profondes et ses hauts plateaux dénudés, intégrant d’anciennes églises dans des rochers, des sentiers de bergers repérés par des puits et des fermes fortifiées.
Le site fut d’abord occupé du paléolithique jusqu’au néolithique, l’utilisation des grottes naturelles s’intensifiant à partir du 8e siècle, lorsque la ville commença à dépasser les limites de ses murs défensifs datant de l’époque romaine et construits tout autour de la partie de la ville appelée Civita, qui fut son premier noyau habité.
Les maisons primitives étaient de simples grottes de tuf entourées d’un mur fait de blocs extraits des deux grabiglioni (sillons d'érosion fluviale) Sasso Caveoso et Sasso Barisano.
Le centre historique maintient la distinction entre ces deux districts, le Barisano et le Caveoso, et comprend également le district de Casalnuovo du 15e siècle et la colonne vertébrale de la ville aux 17 et 18e siècles appelée le Piano, où le baroque triomphe.
Je suis venue en bus, de Bari, et j'ai trotté 30 minutes pour rallier la place centrale, piazza Vittorio Veneto, où se trouve l'office du tourisme.
Mon projet initial, sachant que je n'ai aucun sens de l'orientation, c'était de prendre une visite guidée pour voir l'essentiel sans me perdre, puis de continuer seule pour prendre des photographies et flâner.
En réalité, l'office du tourisme se contente de donner un plan grossier du site et renvoie vers les agences privées. Comme on est en basse saison, j'ai vite constaté qu'elles sont pour la plupart fermées. Celles qui restent sont soit aléatoires, affichant un numéro de téléphone disant d'appeler pour que quelqu'un vienne "au plus vite", soit hors de prix.
Je me suis donc lancée courageusement seule, espérant qu'on ne retrouve pas un jour mon corps desséché au fond d'une ruelle.
Par ailleurs, j'ai découvert que beaucoup de lieux sont fermés, pour diverses raisons : c'est lundi, c'est la basse saison ou c'est en travaux.
L'exploration n'est pas pour les chochottes : les pentes sont rudes, les escaliers difficiles et certaines zones sont très irrégulières.
Au moins, en raison de son attrait touristique, la ville s'est dotée de fléchages qui évite de se perdre dans des impasses menant à des maisons privées.
J'ai béni mes ballerines à semelles de gomme anti-dérapante et le grand soleil qui m'a épargné les sols glissants.
De nombreux chantiers jalonnent la ville, réhabilitant des sites à l'abandon, comme d'anciens couvents transformés en logements. Il y a beaucoup de café-couette et encore plus d'hôtels de grand luxe.
On voit que la ville est habitée au quotidien et il y a même de la haute technologie au détour d'une étroite ruelle, à côté d'une petite église rupestre...
J'ai été abordée avec insistance par un chat qui s'est offert comme guide et pour me présenter des amis.
Je l'ai suivi de bonne grâce car il était de bonne compagnie.
Initialement creusée au 18e siècle, la maison troglodyte de Vico Solitario offre un aperçu de la vie paysanne de la région des Sassi dans les années 1950.
La façade en pierre est adossée à la grotte artificielle et percée d'une petite fenêtre pour aérer l'espace.
Il y avait une arrivée d'eau de source, permettant la boisson, la toilette et la lessive.
L'intérieur est un musée de la culture paysanne rupestre, dont tous les meubles et objets d'origine sont placés exactement là où ils se trouvaient autrefois : la cuisine, le métier à tisser, le plat typique en terre cuite, dans lequel tout le monde mangeait, le brasier, la cuve pour laver le linge et le tampon à pain qui permettait aux gens de reconnaître leur pain personnel après l'avoir fait cuire au four commun.
Le lit était très haut du sol afin d'être le plus éloigné possible de l'humidité du sol. Le matelas était rempli à moitié de laine et à moitié de feuilles de maïs, pour être retourné selon la période de l'année.
A gauche du lit, vers l'arrière de la maison, se trouve une écurie pour la vache, le mulet ou le cheval, tandis que la cuisine, le salon et la chambre sont plus proches de la façade de la maison, plus aérée et dotée de plus de lumière.
La grotte mitoyenne est une neviera, c'est-à-dire une grotte qui permettait de recueillir la neige et des blocs de glace, pour la conservation des aliments et la réserve d'eau potable en période chaude.
Juste à côté se trouve la minuscule église Sant'Agustino al Casalnuovo, creusée au 13e, sous laquelle il y avait des étables.
J'ai bien mérité une vraie pause et après avoir passé en revue plusieurs endroits décevants ou hors de prix, c'est au "Pane e Pomodoro" que j'ai déjeuné, encouragée par la présence du chat qui appréciait visiblement l'ambiance de la terrasse au soleil.
La carte était affriolante, avec une cuisine locale.
J'ai opté en entrée pour une spécialité de la région : les poivrons rouges croustillants (peperoni cruschi) soufflés en friture.
Pour suivre, une belle assiette de pâtes (cavatelli materani) à la truffe noire et au poivre rôti, surmontée de stracciatella, un fromage filant à la crème, spécialité des Pouilles.
En dessert, un dôme de ricotta sucrée fourré à la crème de pistache sur un délicieux biscuit, généreusement saupoudré de pistaches concassées.
Requinquée, je suis partie à l'assaut de la ville pour atteindre enfin un certain promontoire dont je ne suis pas encore parvenue à trouver l'accès.
Après quelques échecs, j'ai fini par me situer et trouver un escalier.
Il s'agit du site de Santa Maria de Idris e San Giovanni in Monterrone, deux églises creusée dans un éperon rocheux, dont les parois sont ornées de fresques du 12e au 17e siècle.
Les photographies y étant interdites, je vous donne ce lien officiel pour jeter un oeil.
Je repars, après avoir regardé le panorama.