Le Musée International des Arts Modestes abrite les collections de ses deux fondateurs, Hervé Di Rosa et Bernard Belluc.
Elles sont constitués de milliers d’objets emblématiques de l’art modeste, objets aimés et collectionnés, manufacturés ou artisanaux.
Ce sont pour l’essentiel des jouets, des figurines et toutes sortes de bibelots clinquant et bariolés qui participent de "l’archéologie de l’enfance".
Le concept d'art modeste est parti du lapsus commis par une petite fille lors d'une exposition des frères Di Rosa, au musée d'Art moderne de la ville de Paris, en 1988. La fillette demandait à sa mère quand elle pourrait revenir au «musée de l'art modeste».
Hervé Di Rosa fut intéressé par cette qualification correspondant au principe d'humilité qui fonde son œuvre, en l'encontre de la prétention élitiste de certains artistes.
L’art modeste rassemble les sensibilités de gens très différents (artistes contemporains, artistes amateurs, artisans...). Il s’agit d’explorer un territoire qui s’étend de l’art contemporain aux figurines publicitaires, en passant par l’art brut, l’art sacré, l’artisanat, la musique punk et toutes les pratiques issues des contre-cultures.
C'est un territoire qui réunit les marges pour en finir avec l’exclusion ou l’indifférence engendrés par un récit unilatéral de l’histoire de l’art.
Tout objet étant respectable, y compris les cadeaux-primes ou les poupées, parce qu'issu du travail humain, il s'agit pour l'art modeste de mettre en valeur les choses les plus banales en portant sur elles un regard qui n'est plus utilitaire, mais chargé d'affection, grâce à la création d'assemblages et d'environnements qui vont leur donner une âme.
Le dernier étage du musée présente justement des vitrines élaborées par Belluc mais je commencerai par l'exposition temporaire "Psychédélices".
Le début de l'exposition est marqué par une curiosité optique portant sur les tableaux de 2010 "Papillons" et "Récolte" d'Elke Daemmrich complétés par un tableau circulaire.
Lorsqu'on fixe le regard au centre de ce dernier pendant plusieurs secondes, puis qu'on regarde les premiers, leurs dessins paraissent bouger !
La Dreamachine (originellement Dream Machine, c'est-à-dire Machine à Rêves en anglais) est un cylindre rotatif pourvu de fentes et d'une ampoule en son centre.
Brion Gysin avait vécu, en 1958, une expérience qui l'avait marqué :
« J'ai eu un déchaînement transcendantal de visions colorées aujourd'hui, dans le bus, en allant à Marseille. Nous roulions sur une longue avenue bordée d'arbres et je fermais les yeux dans le soleil couchant quand un flot irrésistible de dessins de couleurs surnaturelles d'une intense luminosité explosa derrière mes paupières, un kaléidoscope multidimensionnel tourbillonnant à travers l'espace. Je fus balayé hors du temps. Je me trouvais dans un monde infini... La vision cessa brusquement quand nous quittâmes les arbres. »
Il s'associa au scientifique Ian Sommerville pour concevoir la Dreamachine.
La rotation du cylindre fait que la lumière émise par l'ampoule traverse les fentes à une fréquence particulière ayant la propriété de plonger le cerveau dans un état de détente et de procurer des visions à l'utilisateur, lorsque celui-ci regarde la Dreamachine les yeux fermés, à travers ses paupières.
William S. Burroughs. Lawrence Locina et Brion Gysin avec la Dreamachine fabriquée par François Lagarde, 1975
Ma partie préférée a été les vitrines de Belluc.
Ce plongeon dans le passé m'a émue car j'ai revu de vieux objets côtoyés dans l'enfance.
J'ai été particulièrement touchée de revoir une jolie "négresse" comme on les appelait à l'époque : ces figurines d'Africaines décoratives en plâtre peint étaient en vogue dans les années 50.
Purement ornementales ou intégrées à des objets de vaisselle, on les trouvait assises au pied d'une lampe, logées dans une pirogue à cacahuètes ou portant un panier vide-poche.
J'étais fascinée par leur grâce et leurs seins pointus, au point que j'aurais voulu que mes parents en eussent, alors que c'était déjà largement démodé et surtout, qu'ils ne partageaient pas mon goût pour le kitsch...