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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Du grand Scapin - Laurent Brethome

Publié le 8 Octobre 2014 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Théâtre

Avec  Les Fourberies de Scapin, Molière signait une farce sans prétention devenue un classique jusqu’à donner l’expression  « Quelle galère ! ».

La fable aux airs de commedia dell’arte dénonce la subversion sociale, avec son lot de débauche, d’avarice et de lâcheté.

Pour la version que donne le Théâtre de la Croix-Rousse jusqu’au 11 octobre,  Laurent Brethome plante l’action dans une atmosphère de bas-fonds, sur  un quai de chargement.

Deux conteneurs mouvants, des gens qui rôdent...  d’emblée l’intrigue se profile,  et l’on se croirait dans une série télévisée quand des  revolvers s’agitent en guise d’épées.

Si le texte est classique, il est dit au naturel  avec un brio et des répétitions cocasses qui happent le spectateur dans l’action. On est d’ailleurs tellement pris dans cette affaire d’hommes que les rôles féminins en sont presque oblitérés.

Léandre (Florian Bardet) et Octave (Thierry Jolivet), avec leur allure de cacous défoncés, fanfarons et pathétiques, explosent dans des numéros hilarants tandis que leurs crapules de pères, bon bourgeois et vieux marin, dépensent une énergie impressionnante à ne pas ouvrir leur portefeuille.  

Le Scapin joué par Jérémy Lopez n’en paraît que plus redoutable dans sa nonchalance. Il attend, tranquillement,  que ce beau monde le supplie de l'aider...

Du grand Scapin - Laurent Brethome

Les effets comiques sont irrésistibles, de la gestuelle équivoque aux envolées clownesques, on rit énormément, d’autant plus qu’approche la fameuse scène du sac.

Et c’est là que tout bascule.

Brethome nous rappelle férocement à la réalité. Scapin n’est pas un larbin, Scapin est le peuple qui se venge de sa condition.

La violence de la scène, bruyante, nombreuse, efface toute velléité d’en rire pour reconsidérer la situation.

Du grand Scapin - Laurent Brethome

Ce Scapin-là donne à réfléchir et c’est tout le talent de cette troupe qui nous y amène, jusqu’à la fin ambiguë entre tragédie et comédie.

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Q
Tout est dit et bien dit. Félicitations pour ton écriture !
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